Ali ne regardait plus la télé, sinon
il aurait su que de rudes épreuves l’attendaient, lui et tous les
Mouloud, Ahmed, Nadir et autres Mustapha de l’hexagone. Pour les
Jamila, c’était autre chose…
Une majorité de « Français de
souche » venait de voter « démocratiquement » pour
celle qui allait « libérer le pays des cohortes d’immigrés
suceurs de sang », dixit. Question de préférence nationale,
de droit du sol, de sécurité… Il leur fallait des boucs
émissaires avec la gueule de l’emploi.
Ali avait une bonne tête de caïra du
9.3. Il habitait à Bagnolet, dans une tour d’un ensemble HLM, du
quartier des « Coutures », tout près des Puces.
Quasiment dans le bas Montreuil, dans une rue (Edouard-Vaillant), où
j’avais grandi moi-même, trente ans auparavant.
Aujourd’hui, le 50, rue
Édouard-Vaillant est devenu un spot de deal où les
flics de la BAC ne font pas la loi et où les seules qui ont le bac
sont des filles. Un jeune du quartier avait récemment été tué par
un autre jeune de Montreuil. Cette rue était peuplée de gremlins
aux yeux de cendre.
Elle se dressait face au périphérique,
sa grande tour grise, comme pour lorgner sur Paris et ses richesses.
Tel un château fort en avant-poste, à demi caché par des bureaux
flambant neufs, aux façades aussi froides que la compassion
des sociétés d’assurance implantées là.
Autrefois, on accédait aux
« Coutures » par le « passage des Italiens ».
Aujourd’hui, les maisonnettes à jardinet ont été remplacées par
d’autres barres de béton. Ces blockhaus, conçus pour résister
aux rafales de colère, abritent une population vivant sous le seuil
de pauvreté (revenus mensuels inférieurs à 814 euros, ou 977,
euros selon la définition adoptée).
Outre le Narval’O, bistrot auvergnat,
il y a des cafés arabes, un boucher casher, un resto chinois et une
épicerie qui ne cesse de changer de propriétaire. Le boucher de
cheval de mon enfance a fermé depuis belle lurette, après la
boulangerie, Félix-Potin, et la marchande de journaux (madame
Bourrel), où j’achetais mes Strange, Onze-Mondial et
les vignettes Panini.
La bibliothèque municipale de quartier
a été transformée en « foyer des jeunes » et le
pharmacien a pris sa retraite. De cette époque, reste l’école
Jules-Ferry, tout près du collège Politzer. Le tout, placé en Zone
d’éducation prioritaire (ZEP)…
Les gens qui habitent ce quartier –
parce qu’ils ne peuvent faire autrement – ne se parlent plus
comme « avant ». Ils se croisent et s’observent. Il
n’est pas rare qu’ils grognent et s’aboient dessus. Parfois,
ils s’entre-déchirent : les Gaulois dévisagent les basanés
qui jalousent les bridés qui n’aiment pas les Noirs.
Ali régnait sur ce quartier. Il y
était né et y vivait depuis une vingtaine d’années. Bien sûr,
il y avait d’autres têtes brûlées sur son territoire mais ils ne
comptaient pas. Ali était le caïd de cette zone. Son royaume allait
de la Rue de Paris, aux limites de Montreuil, jusqu’au métro
Gallieni, du côté du Théâtre de l’échangeur.
Son père était mon ami. J’ai vu
naître puis grandir Ali. Malgré son âge, et sa taille (1, 80
m), il reste pour moi un « petit ». Un gamin à
surveiller de près… comme le Front National en démocratie.
À force de se battre, sans jamais
connaître la défaite, Ali a fini par se prendre pour un champion.
Il croyait devenir champion du monde de Free Fight, en deux ou
trois ans. Déjà, il portait un prénom prédestiné : Ali.
Comme The greatest Mohamed Ali, ex-Cassius Clay. Gamin,
il avait vu Rocky-Stallone vaincre l’adversité à la force de ses
poings. C’était du cinéma, certes, mais basé sur une histoire
vraie. Il avait remarqué qu’en France, la majorité des boxeurs
pros étaient comme lui d’origine maghrébine, ou blacks. Alors,
pourquoi pas lui ? Se battre était la seule chose qu’il
savait faire.
J’avais beau lui répéter qu’en
Ultimate, les meilleurs étaient très bons au sol, il s’est
inscrit au Top Rank de Bagnolet, un club de boxe dirigé par un
ancien champion olympique. Restait à se trouver un surnom. Tous les
grands champions en avaient : Manos de Piedra, the Beast Mugabi,
Terrible Norris, le Taureau du Bronx, Iron Mike, Marvelous Marvin
Hagler. Il se serait bien vu en « killer kid », ou
carrément « l’égorgeur »… Je lui ai proposé « le
Blédard » : ça ne l’a pas fait rire.
– Et pourquoi pas le bison du 93 ?!
– Pourquoi bison ? a demandé
Ali.
– Parce que ça donne zombie en
verlan…
– Allons-y pour le « Bison de
Bajo ».
Bajo, c’est le surnom donné à la
ville de Bagnolet par les anciens. Ceux qui ont connu la zone, les
Manouches et les terrains vagues.
Ali a commencé à disjoncter vers
l’âge de huit ans, dans une cour d’école tout ce qu’il y a de
plus ordinaire. Elle résonnait de cris stridents, cette cour
ordinaire, pendant la récré, lorsqu’Ali a été pris d’une rage
soudaine. Patrick, le rouquin, venait de lui cracher à la gueule :
« Frappe le premier, lui avait conseillé son grand frère.
Fais-toi respecter dès le premier jour. » Coup de boule.
Patrick s’est mis à saigner du nez. Il y aurait bientôt du sang,
de la chique et du mollard… Toute l’école était au courant.
Même le corps enseignant.
Les deux élèves ont été convoqués
chez le dirlo. Ali s’est pris une baffe, ce qui n’a fait
qu’augmenter sa colère, comme Hulk. Patrick lui a donné
rendez-vous à la sortie. Il y a eu baston. Ali a eu le dessus mais
Patrick s’était montré coriace. Les deux grands frères ont
rappliqué et s’y sont mis aussi. Puis les deux bandes, des
Coutures et de Gallieni, se sont retrouvées, au Plateau des
Malassis. Le quartier de La Noue s’y est mis, plus des potes de
Montreuil… Ils se sont battus à coup de sabre et de barres de fer.
Un gitan, ferrailleur du côté des Lilas, a remarqué qu’Ali
savait se « kourave », comme il disait en manouche. Il
lui a conseillé de faire de la boxe. Ali s’est pris pour un vrai
dur. Dès lors, tous les prétextes furent bons pour chercher la
bagarre. Dans la rue, les boîtes, les fêtes foraines, le métro,
les arrêts de bus.
Cette banale bagarre de cour d’école
a tout déclenché : conseil de discipline au collège,
exclusion, sentiment de rejet, fugues, vols, première arrestation,
raclée du grand-frère, sentiment de colère, parano… Pas de père,
pas de repères.
Je veillais sur lui. Mais j’avais
beau lui parler, tenter de le raisonner, il remettait ça. Ali s’est
mis au bizness d’électroménager, autoradio, hi-fi : parcours
classique. Il passait commande, avant les fêtes de Noël et les
fêtes des pères et des mères, et refourguait la marchandise tombée
du camion à des prix défiant tellement la concurrence qu’il était
difficile de ne pas céder à la tentation. Cinquante euros l’écran
plat, ça laissait rêveur toutes les smalas du bled. Il assurait
même la maintenance. Comme chez Darty… mais avec lui c’était à
vie ! Enfin bon, si on était du quartier, hein…. Ali faisait
également dans le spiritueux : la bouteille de Ruinard à 10
euros – sortie toute fraîche de chez Franprix, où il avait des
complicités –, c’était difficile de refuser. J’avoue…
Puis il est passé aux scooters,
bagnoles, cambriolages, cigarettes, shit et à la première
arrestation… Je l’ai freiné juste avant son premier braquage de
bijouterie. Il voulait faire ça à Auchan, Bel-Est, en plus, ce con.
Pour un peu, je lui aurais donné des conseils, genre taper en
province, là où personne ne le connait.
Enfant, Ali avait une morale. Presque
une éthique. Jamais il ne touchait à la voiture des parents de ses
copains d’enfance, par exemple (et il respectait les filles,
femmes, mères, grand-mères). Avec l’argent qu’il gagnait, Ali
se payait à bouffer et des vêtements. Le reste, il le dépensait à
la Foire du Trône ou dans les boîtes de nuit. Bientôt, viendraient
les premières vacances en Espagne, et les week-ends à Deauville,
pour flamber.
En fin d’adolescence, Ali s’est mis
à surfer sur Internet et à détester tout le monde, ou presque :
famille et voisins compris. Surtout les « Français »,
comme il disait. Notamment s’ils portaient la moustache… Pour lui
c’était tous des flics en puissance, des racistes, des fachos, des
bourgeois. Ali commençait à se radicaliser. Tout était manipulé
par les Américains, donc les juifs, évidemment.
Il voulait faire le Jihad de mes c…
Inch Al’Marx !, j’allai l’en
empêcher.
J’étais « médiateur »,
depuis les prétendues « émeutes » de 2005. J’étais
censé aider au « resserrement du lien social », bref, le
« Vivre ensemble » et tout le tralala… Zarma, j’étais
en « mission » au service de la « Démocratie
locale » pour tenir les mômes des cités.
En tant que responsable des animateurs
de centre de quartier, j’en ai profité pour pistonner Ali comme
éducateur. C’était juste avant qu’il n’atteigne la majorité,
donc l’âge d’aller en prison… Mon idée était de le mettre en
valeur, en lui donnant des responsabilités auprès de mômes qui lui
ressemblaient. Grosse erreur.
Au lieu de calmer les plus turbulents,
par son aura de caïd, il les entraînait à faire de plus grosses
conneries encore ; sous prétexte d’être rebelle, contre
le système et toute forme d’autorité. Autre que familiale ou
religieuse, évidemment. Quoique…
Le jour où je l’ai surpris à rouler
des pétards avec des mineurs, on a eu une petite discussion. J’ai
prévenu son frère, lequel n’a rien trouvé de mieux que de
traîner Ali à la mosquée. Bilan : walou. Il les a traités de
lâches… pas foutus d’aller « jihader » en Syrie. Il
avait autre chose à foutre que de prier six fois par jour. Pareil
pour les « grand-frères » qui le bassinaient avec leur
Marche pour l’égalité et contre le racisme… « Tous
récupérés ! Que ce soit la « Marche des beurs »,
« Touche pas à mon pote », ou « SOS Racisme » :
« regarde les beurgeois ! Ils sont pires qu’au bled !
Dès qu’ils ont le pouvoir, ils se gavent… ».
Ali était devenu persona non grata à
La Noue, où se trouvait la mosquée temporaire, au sous-sol d’une
tour gigantesque où un Chinois avait obtenu le Prix Nobel de
littérature… Je doutais qu’il voie un jour terminée la nouvelle
en construction.
Un jour que j’essayais de lui ouvrir
les yeux sur le concept de « communautarisme » et le fait
qu’il ne rêvait que d’en faire partie, du « système »
(ultralibéral), il m’a répondu : « Essaie de louer un
appart à Paris quand tu t’appelles Ali… Y’a plus d’Ali !
Appelle-moi Jojo. ». Une histoire de pari perdu au bistrot le
Bal Perdu, le rade situé juste en face de la mairie. Allons-y pour
l’affreux Jojo de Bajo.
Un zombie de Bajo qui s’était mis en
tête de flinguer Marlène Lepine.
Jamais je n’aurais dû promettre à
son père de m’occuper de lui. Si j’avais su les emmerdes qu’il
allait provoquer, je l’aurais mis dans une maison de
correction, directe… Si ça existait encore ; ou à l’armée,
tiens ! Comme le préconisait Ségolène… Le pire, c’est que
j’étais plutôt d’accord avec Ali, dans le fond. Pour le côté
anarcho-libertaire.
C’est moi qui lui avais donné à
lire Cendrars et son pote Miller, Henry : si les gens
ouvraient les yeux, ils seraient tellement horrifiés par tout ce qui
les entoure qu’ils lâcheraient leurs outils, quitteraient leurs
boulots, ne paieraient plus leurs impôts, refuseraient toute
obligation, rejetteraient toute loi, etc. Comment un homme ou une
femme réellement lucides feraient-ils tous les trucs délirants
qu’ils sont censés faire à tout moment de la journée ?
Ali s’était d’abord intéressé
aux groupuscules radicaux comme Action Directe, les Brigades rouges,
Florence Rey, tout ça. Et, pour tout dire, je trouvais ça plus sain
que d’aller se faire buter en Syrie pour des muslims hallucinés.
J’avais beau tourner le problème
mille fois dans ma tête, je n’avais pas le choix. Je connaissais
le futur coupable d’un crime… pas encore commis. Je devais
empêcher Ali de flinguer la fille de Roger Leblond. Marlène Lapine…
La blonde. Était-ce parce que c’était une femme ? Pourtant
plus dangereuse que son père puisqu’elle vient de prendre le
pouvoir.
Il fallait que j’empêche Ali de
faire un truc que j’aurais aimé faire moi-même, si j’avais les
couilles : descendre une salope dangereuse pour l’avenir de
notre société. Comme on aurait dû faire avec Hitler et tous les
dictateurs… C’est la peur et la lâcheté qui bouffent les
cerveaux. Le Che en avait eu, lui, des cojones. On a vu où ça
l’a amené.
J’en dormais plus la nuit. J’avais
mal au crâne et le bide en vrac, envie de vomir et de chier tout le
temps. Pour tout dire je me dégoûtais moi-même. Si je m’étais
rencontré, je me serai sans doute trouvé repoussant, négligé. Je
devais puer de la gueule. Mes cheveux étaient gras.
Soudain, rue Sadi-Carnot, tandis que je
revenais d’une visite à mon ami journaliste au magazine municipal
(toujours très bien informé), une voiture s’est rabattue en
trombe à ma hauteur, le long du trottoir. Ils étaient quatre à
l’intérieur. Deux sont sortis et m’ont plaqué sur le capot. Les
autres surveillaient les alentours. Ouf ! des flics…
municipaux en plus. Un instant j’ai craint qu’il s’agisse des
sbires de Leblond. Le meneur était si balèze que j’ai cru à une
éclipse. Flanqué de trois mini-clones, il m’a fouillé et m’a
interrogé vite fait. Oui j’étais bien celui qu’ils cherchaient…
Direction le poste.
Ils voulaient savoir où était Ali.
J’en savais rien moi-même, alors…
Après l’interrogatoire, je suis
rentré chez moi à pied. Toujours à pied. C’est bon pour la
santé, me disait ma grand-mère… morte à 106 ans. Le poste de
police (pas un vrai commissariat) sentait le renfermé. J’ai
respiré un bon coup. Et j’ai toussé aussi sec, comme un
souffreteux de base. Le ciel était bas, plat, gris-triste. Un putain
de crachin continuait d’embrumer mes lunettes de myope astigmate.
Entrer dans la police, m’avait
proposé la fliquette en chef ?
Elle en avait de bonnes, elle !
Quand j’étais môme, depuis ma
chambre, fenêtre entrouverte, j’imaginais que c’était l’océan.
Avec un peu d’imagination, le feulement des pneus sur le bitume du
périph. me rappelait le bruit de la mer. Et quand la circulation
était coupée, ça laissait comme un grand vide. Les chiens
sortaient leur maître et les télés baissaient leur son. On
entendait mieux les voisins du dessus, pissant, chiant, gueulant,
pleurant, riant aussi… J’arrivais plus à dormir sans ma
berceuse.
Dans les années 70-80, on parlait
encore de « ceinture rouge » quand on évoquait la Petite
ceinture. Les PCF tournaient autour des 15/20 % et Pif Gadget semait
ses pois sauteurs dans des millions de foyers. Mon HLM n’était pas
blême, comme chantait ce fils à papa Renaud, qui n’y a jamais mis
les Santiag’. Il était plein de vie et d’envies. D’humeurs,
d’odeurs, d’amour et d’humour. Puis le quartier est devenu
glauque, dans les années 90-2000.
Gamin, je me souviens qu’on portait
les « commissions » de madame Chéraïet ou Grosbois,
Berrebi ou Ekambi, Ekima, ou Krichi, Goual ou Le Bris, sans
rechigner. Chaque palier avait son odeur de cuisine. C’était
Top-chef à chaque étage : massalé au rez-de-chaussée, paella
au premier, couscous au deuxième, pot-au-feu au troisième, etc.
Aujourd’hui que le PFN dépasse les 40 % aux élections, c’est
steak-frites, surgelé pour tous. Lorsqu’ils se sont alliés aux
écolos, ces fanatiques du bio, on a fini de rigoler. Attentions aux
odeurs déplacées… À quand la dictature écolo-facho ?
Malgré le numéro de charme de la
fliquette en chef, je savais ses collègues bien renseignés par les
sympathisants du PFN, et donc que s’ils chopaient Ali avant moi,
ils n’en feraient qu’une bouchée.
J’avais l’avantage de connaître
parfaitement le terrain… Après une heure de téléphone arabe, in
vivo et de visu, chez Ben, un resto dans le quartier Robespierre,
j’ai su qu’une bande de l’Essonne était à ses trousses.
D’après ce que j’avais pigé, le matos que les flics avaient
découvert au garage municipal leur appartenait. Ce con d’Ali avait
braqué une bande rivale. Il risquait de finir dans un coffre de
voiture, rôti comme à Marseille.
Je connaissais toutes les cachettes
possibles de la ville, pour les avoir utilisées moi-même avec le
père d’Ali. J’ai visité des dizaines de caves, des greniers,
des apparts d’amis d’amies d’amis… Rien. Pour
me remonter le moral, j’ai bu quelques verres de rouge, de la
bière, et un ou deux pastis avec des potes, rue de Paris. Ce mélange
m’a donné tellement faim que j’avais envie de me bouffer les
doigts. Je me suis arrêté au premier resto-Kebab et j’ai commandé
un Grec complet : frites-salade-tomate-oignon-ketchup.
La bouche et les mains encore
graisseuses, j’ai pris le métro à la station Robespierre pour
aller interroger des potes à la Croix-de-Chavaux. Mais je me suis
endormi et réveillé à la mairie de Montreuil en pleine baston
générale. Deux bandes s’affrontaient. Des vigiles de la RATP s’y
étaient mis. Et des SDF en colère, bientôt rejoints par des
usagers ulcérés. Vision cauchemardesque. Cacophonie. J’en avais
marre de toute cette merde.
Les gremlins ont fini par se
volatiliser comme des moineaux.
Je suis retourné à pied vers la
Croix-de-Chavaux. J’ai à nouveau fait la tournée des rades. Rien.
Ou alors des conneries. J’ai encore bu des coups dans un bar à
bobos branchouilles. Comme j’étais pété, je suis allé frapper
aux volets de Bénédicte, une ex d’origine italienne, qui habitait
un rez-de-chaussée, toujours Rue de Paris, près du Marché
couvert. Elle m’a fait des pâtes. J’ai encore bu du vin. Et je
me suis effondré sans la baiser.
Le lendemain matin, Bénédicte avait
disparu.
À sa place, j’ai vu Ali débarquer
dans la chambre, avec un verre d’eau et de l’aspirine :
– Qu’est-ce que tu fous ici ?
– J’ai dormi dans la chambre de son
fils.
– T’as les flics au cul !
– S’il n’y avait qu’eux…
— Et tu t’en bats les
couilles, je sais.
— Tu m’accompagnes à mon
premier combat ?
Un récit rempli de petits détails qui ne s'inventent pas et de souvenirs que je partage. La dernière phrase éclaire un peu le tableau noir Rue Barbare / No Future. A Vénissieux, tous les jours, j'en fréquente plein des Ali qui s'en sortent et gagnent leur combat. Belle plume trempée dans l'amertume.
RépondreSupprimerChronique douce amère, d'un quartier, d'une trajectoire trop attendue. ça me touche aussi, j'ai écris une nouvelle (Douce France) sur un de ces thèmes, l'intégration, et j'ai aimé suivre le narrateur à travers ses souvenirs et la triste réalité actuelle symbolisée par Ali.
RépondreSupprimerUne nouvelle maitrisée sur laquelle j'ai un seul désaccord : Renaud. Ce chanteur que j'affectionne n'a jamais revendiqué une image de loubard, il voulait juste rapporter les problèmes de gens qu'ils côtoyaient. Comme le fait très bien cette nouvelle (d'anticipation ?).
J'ai pas accroché tout de suite... Suis pas fan des longues promenades au rythme des pas solitairement déambulatoires...
RépondreSupprimerPuis j'ai voulu voir où l'auteur m'emmenait, et j'ai finit ma lecture.
Manque de noirceur pour moi, mais une très jolie écriture.
J'adoooore !!!
RépondreSupprimerCert auteur sait manifestement de quoi il parle...
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