Donnybrook de Franck Bill à la Série Noire de Gallimard
Vous ne pouvez plus décoller de la série américaine "Breaking Bad"... Vous attendez en trépignant d'impatience la prochaine redif d'un combat de Kick Boxing ou de Muay Thaï. Les courses de bagnoles kittées c'est votre gros trip. Les gueules cassés, les chiens galeux qui se prennent raclées sur raclées, ça vous fait kiffer ?
Alors Donnybrook est votre livre de chevet.
C'est le livre que vous attendiez sans le savoir. Le livre qui va vous arracher les yeux de la tête. Du carnage presque à chaque page. Des poings qui volent, des tronches éclatées, des nez écrasés, le tout cuisiné dans des taudis sur camping gaz de fortune avec fond de meth au bord de l'explosion et Dark Métal Hurlant en fusion.
Autant le dire tout de suite, vous n'allez pas ressentir une immense empathie pour les personnages. Il y a peu de risques de vous voir essuyer discrètement une larme malgré les morts, nombreux, qui émaillent le récit.
Dans ce livre, c'est l'action qui vous embarque tambour battant. C'est trépidant, c'est haletant. C'est un western moderne, concocté avec les ingrédients d'aujourd'hui. Plus de chevaux, des pick up déglingués. Des hors-la-loi qui rappliquent de partout. On ne se bat plus pour dévaliser une banque mais pour un sac plein à craquer de sachets de méthamphétamine. Et là-bas, dans les forêts de l'Indiana se déroule au Donnybrook un tournoi de combats clandestins où s'affrontent les plus fêlés d'entre-eux. C'est l'unique chance de gagner suffisamment de thune pour peut-être sortir enfin de la misère dans cette Amérique rurale où il n'y a plus grand chose à espérer. Mais au Donnybrook, il n'y a qu'un vainqueur...
J'oubliais... Tous les ingrédients sont là pour que Franck Bill nous concocte la suite, et je l'attends avec une grande impatience !
Chroniques de livres, celles produites pour une diffusion radiophoniques sur Radio Béton par l'équipe de chroniqueurs "Des poches sous les yeux" (Plus de 650 livres chroniqués) et celles qui n'ont pas encore vocation à y être diffusées parce que pas encore en format "livre de poche". Mais vous y trouverez aussi écriture et peintures... Plumes et craies
lundi 22 septembre 2014
Loupo de Jacques-Olivier BOSCO - Editions Jigal
Voilà un livre que j'ai bien du mal à chroniquer, parce que je me sens très ambivalente quant à ce que j'ai pu ressentir à sa lecture. J'ai aimé lire ce livre que j'ai dévoré en quelques heures. J'y ai trouvé plaisir. Pourtant, après lecture il me reste un goût d'inachevé.
Les personnages m'y paraissent anachroniques. L'impression de malfrats d'hier dans la cité d'aujourd'hui. Leurs caractères sont sur certains aspects plutôt bien brossés mais sur d'autres à peine esquissés. Ainsi la jeune femme qui tombe amoureuse de Loupo. Elle arrive de façon opportune dans le récit pour l'étoffer, mais elle-même a finalement peu de profondeur. Comme la plupart des autres personnages qui sont juste survolés. Pourtant, l'auteur nous propose une piste lorsqu'il dit qu'elle semble avoir un lourd passé, mais finalement, cette piste, lui-même ne la creuse pas davantage. On ne saura rien de plus sur les raisons qui l'ont fait aimer cet homme, rien non plus sur son histoire personnelle.
Loupo lui-même me semble décrit de façon un peu manichéenne. Un voyou malgré lui, à cause de son passé, mais un homme d'honneur pourtant. L'intrigue est assez réussie, quoique classique. Elle nous embarque dans l'enchaînement de circonstances qui font que Loupo, malgré son souhait de se rendre à la justice après avoir blessé un enfant remet sans cesse au lendemain cet objectif.
Voilà un livre que j'ai bien du mal à chroniquer, parce que je me sens très ambivalente quant à ce que j'ai pu ressentir à sa lecture. J'ai aimé lire ce livre que j'ai dévoré en quelques heures. J'y ai trouvé plaisir. Pourtant, après lecture il me reste un goût d'inachevé.
Les personnages m'y paraissent anachroniques. L'impression de malfrats d'hier dans la cité d'aujourd'hui. Leurs caractères sont sur certains aspects plutôt bien brossés mais sur d'autres à peine esquissés. Ainsi la jeune femme qui tombe amoureuse de Loupo. Elle arrive de façon opportune dans le récit pour l'étoffer, mais elle-même a finalement peu de profondeur. Comme la plupart des autres personnages qui sont juste survolés. Pourtant, l'auteur nous propose une piste lorsqu'il dit qu'elle semble avoir un lourd passé, mais finalement, cette piste, lui-même ne la creuse pas davantage. On ne saura rien de plus sur les raisons qui l'ont fait aimer cet homme, rien non plus sur son histoire personnelle.
Loupo lui-même me semble décrit de façon un peu manichéenne. Un voyou malgré lui, à cause de son passé, mais un homme d'honneur pourtant. L'intrigue est assez réussie, quoique classique. Elle nous embarque dans l'enchaînement de circonstances qui font que Loupo, malgré son souhait de se rendre à la justice après avoir blessé un enfant remet sans cesse au lendemain cet objectif.
L'écriture est
percutante, parfois poétique, ça se lit vite et avec plaisir, mais
peut-être un peu trop vite pour être finalement réellement marquée
par cette histoire. Bref, je reste sur ma faim, une faim de loup, car l'écriture de ce livre est chouette, l'intrigue bien foutue et que finalement, peut-être que le vrai problème c'est surtout qu'il est trop court :-)
dimanche 7 septembre 2014
Aux animaux la guerre - Nicolas Mathieu
Aux animaux la
guerre de Nicolas Mathieu
Aux éditions actes noirs - Acte Sud
Comme
un état des lieux, celui d’une société en déliquescence. Des
portraits, sans concessions mais attachants d’hommes, de femmes, à
l’avenir bouché, comme cet horizon d’hivers trop froids, où la
neige collante s’écrase mollement et entrave le pas déjà lourd
de ceux qui n’attendent plus rien.
Ça
se passe dans les Vosges, mais ça pourrait tout aussi bien se passer
dans le Nord ou dans la Creuse. Dans le Jura ou sur les contreforts
pyrénéens. Ça se passe là, où l’emploi, industriel qui
nourrissait des familles, de pères en fils depuis des générations,
qui bousillait des vies mais faisait chauffer les marmites disparaît.
Celui d’une solidarité ouvrière, d’un syndicalisme autrefois
florissant qu’on se raconte, comme une légende et qui survit
encore, mais s’éteindra en même temps que l’usine fermera.
C’est
l’univers Ricoré. Pas celui des dimanches enchantés, plutôt
celui des bols qui refroidissent, sur la toile cirée jaune pisseux
de la cuisine. Ces bols dans lesquels on trempe une biscotte ramollie
avant d’aller trimer ou de s’enfoncer dans le canapé, un verre à
la main avec pour horizon la console vidéo ou les feuilletons
télévisés pour tuer la journée. C’est celui du petit blanc sec
ou du picon-bière de dix heures du mat. Monde désenchanté tant
pour ceux qui ont un boulot que pour ceux qui n’en ont pas.
Dans
cet univers trop froid, quelques étincelles de vie, pourtant. Parce
qu’elle est là, malgré tout et qu’il arrive que le désir
vienne réchauffer un quotidien morose, voire même qu’on tombe
amoureux, comme l’oiseau tombe du nid... Par accident.
Dans
ce microcosme où tout le monde se connaît, où la dernière usine
va bientôt fermer ses portes, il y a les petits trafics pour joindre
les deux bouts, ou pour oublier son désœuvrement, et puis comme sur
ces routes verglacées soumises aux tempêtes, il y a le dérapage
incontrôlé, incontrôlable.
La
force de ce livre, ce sont ces destins qui s’entremêlent. Ce sont
ces personnages qu’on aimerait voir s’en sortir alors qu’on
sait qu’ils sont enlisés. Inéluctablement. Des personnages forts
pourtant, aux personnalités parfaitement ciselées par l’auteur
qui nous fait rebondir de l’un à l’autre pour dessiner une
fresque sociale sombre d’un monde qui disparaît sans que pourtant
un autre vienne le remplacer.
Mon
seul regret : Il aurait peut-être fallu que le livre se conclue
durant la tempête, avec cette empreinte de pied nu dans la neige. Ce
qui suit et qui n’est ensuite qu’esquissé aurait fourni sans
problème la matière à un deuxième tome, certainement aussi riche
que le premier.
Aucune bête aussi féroce d'Edward Bunker aux éditions Rivages/Noir
Prochainement diffusée dans le cadre des chroniques littéraires de Radio Béton : Des poches sous les yeux
Impossible de parler de
ce livre, sans auparavant dire quelques mots de son auteur. Né en
1933 et mort en 2005, Edward Bunker a durant la première partie de
sa vie davantage connu la prison que la liberté. Entre les maisons
de redressement qui auront émaillé son enfance et les multiples
séjours derrière les barreaux aux États-Unis. Il y aura passé
dix-huit années de sa vie. C'est en prison qu'il se passionne pour
la littérature et qu'il devient écrivain. La plupart de ses livres
ont été adaptés au cinéma et Edward Bunker à également joué le
rôle M. Blue dans Reservoir Dogs, de Quentin Tarantino. « Aucune
bête aussi féroce » est préfacé par James Ellroy qui, comme
beaucoup d’autres auteurs de romans noirs, lui voue une grande
admiration. C’est en prison qu’il écrira ce roman noir qui sera
publié en 1973. C'est le premier de quatre livres très inspirés de
son histoire personnelle.
Dans ce premier livre,
il relate son désir de s'inscrire dans une vie enfin normale, mais
il est assailli de lourdes interrogations à quelques heures de sa
libération conditionnelle.
« Si
je voulais quelque chose de différent, il me faudrait moi-même,
forcément, être différent. Est-ce que c’était possible ? »
«Avant
même que j’ai le nez dehors, je me retrouve en porte-à-faux entre
une amitié à respecter et la loi à enfreindre.
Que je sois le plus dégueu des
enfoirés si c’est pas une vraie galère, de promettre que je vais
commettre un délit avant même d’être sorti. »
Enfin libéré, nous
suivons Max Dembo dans sa tentative de réinsertion et les difficiles
relations avec son responsable de conditionnelle.
Je
lui rendis son sourire avec candeur, une candeur que je n’éprouvais
pas : impossible d’oublier que nos rapports étaient
essentiellement ceux d’un couteau dont la lame se pressait contre
une gorge.
Il
faut que vous compreniez que je ne suis pas comme vous. J’ai un
trop lourd passé derrière moi, tous ces jours qui m’ont gauchi,
qui m’ont totalement emmêlé l’esprit, pour être comme vous. Ce
qui ne signifie pas que mon seul et unique destin soit d’être une
menace pour la société. Si j’avais la conviction que mon avenir
allait inévitablement ressembler à mon passé, je me suiciderais.
Je suis fatigué. Je peux accepter de me plier suffisamment pour
rester dans les limites de la loi, mais je ne serai jamais le mec qui
rentre le soir chez lui, dans sa maison de la vallée de San
Fernando, pour retrouver sa femme et ses gosses.
Si ce livre est
semi-autobiographique, il s’y dessine aussi une fresque sociale.
Celle des bas-fonds de Los Angeles. Les personnages qui entourent Max
Dembo sont tous englués dans leurs problèmes – alcool, drogue,
misère – souvent jusqu'au cou, sans aucun espoir d'en sortir. Edward Bunker y dresse également le constat d’un clivage ethnique Noirs / Blancs
dans la prison et dans la ville. La haine raciale entre ces deux
communautés, qui se renforce, s'exacerbe et qui donne lieu
périodiquement à des débordements de violence
quasi-incontrôlables.
Écrit d'une plume
vive et percutante, les actions se succèdent sans relâche. Tout va
trop vite. Pourtant, ce ne sont pas les casses et leur description
qui font la force de ce roman. C'est parce qu'il nous permet de vivre
de l'intérieur les pensées, les espoirs, les colères, les
contradictions de Max Dembo, l'engrenage inéluctable dans lequel il
se retrouve coincé, alors même qu’il est lucide sur l'absurdité
de sa destinée.
Une fois le livre refermé, il m'apparait que c’est la
force de cette histoire, qui nous accroche, mais qu'elle ne serait rien
sans l'écriture d'Edward Bunker. Riche en dialogues, elle est
souvent pleine d’humour
« Monsieur »
songeai-je, « Auriez-vous un emploi disponible pour un
cambrioleur saisonnier, arnaqueur, faussaire et voleur de
voiture ? Justifiant également d’une certaine
expérience en tant que voleur à main armée, maquereau, tricheur
professionnel et autres petites choses »
Mais, et tout particulièrement dans les descriptions de la ville, ce roman est émaillé de moments poétiques et sombres.
Une
forêt de néons se mit à vivre. L’auréole de brillance autour de
chaque tube grandit au fur et à mesure qu’elle avalait la nuit.
Les éclairs intermittents de couleur giclaient comme des spasmes,
des bulles de textes illustrés, en tourbillons, en explosions,
luisant sur le métal poli des automobiles. Je me mis en marche vers
l’ouest simplement parce que c’était là que les lumières
brillaient le plus fort.
Mon
souvenir de Chicago relève plus d’une aquarelle impressionniste,
où couleur et détails viennent se fondre dans l’indistinct, que
de l’image bien nette d’une photographie. Le mélange des néons
rouges, verts, et argent reflété par les rues humides d’hiver
luisait âpre et dur, et le vent faisait frissonner la gadoue salie
de suie de la neige fondue.
Mon seul regret quant à
ce livre, alors qu’il a été traduit me semble-t-il durant les
années 90, est que la traduction m'apparaît terriblement datée. Vocabulaire de l'époque des tontons
flingueurs. C'est dans les dialogues surtout que l'on ressent ce
décalage.
– Y’a
une photo de ta bergère dans le Chronicle d’aujourd’hui. (...)
Elle
a aussi écrit un poème. Tu veux l’esgourder ?
– Ecoute,
enfoiré pue-de-la-gueule. Laisse tomber ma bergère, et fous-lui la
paix, sinon j’te colle le pedigree sur la passerelle.
– C’est
moi ton papa, duconneau
Il
mériterait je crois d'être retraduit avec le vocabulaire des rues d'aujourd'hui. Malgré cela, je crois que pour tout amateur de roman noir ce livre est un pilier, une oeuvre majeure qu'on ne peut qu'avoir au premier plan dans sa bibliothèque.
Joe de Larry Brown aux éditions Gallmeister
Avertissement au lecteur : Si vous
envisagez de rentrer dans le cercle des alcooliques anonymes, il est
préférable de ne pas lire ce roman. Pour tous les autres, il est à
consommer sans modération ! Autant le dire tout de suite,
l’alcool est omniprésent à chaque page ou presque. C’est même
un des personnages principaux de ce roman. Peut-être parce qu’il
fait terriblement chaud dans le Mississipi. Peut-être aussi parce
que l’alcool est une bien jolie sirène lorsque les destins sont trop lourds à porter. Ce qui est sûr c’est que les principaux
protagonistes engloutissent canettes sur canettes quand ils n’ont
plus Bourbon et coca sous la main pour se désaltérer. Je n’ai
pas vérifié avec précision, mais je suis prête à faire le pari
qu’il n’est pas possible de lire plus de trois pages d’affilée
sans que l’un ou l’autre des personnages s’enfile une gorgée,
si possible fraîche voire glacée.
Ce
livre, c’est l’histoire de Garry Jones, un môme à l’âge
incertain, quinze ans peut-être, et sa famille. Ils sillonnent la
faim au ventre, les routes du Mississipi sous la poigne d’un bon à
rien de père, ivrogne, voleur, égoïste et violent. Garry a une sœur
Fay, qui s’est enfuie. Si elle est évoquée au début du roman,
nous en saurons peu car son portrait fait l’objet d’un autre
roman de Larry Brown. Garry, ses parents et son autre sœur trouvent
un jour une vieille cabane abandonnée depuis des années. Un taudis
envahi par les guêpes et les araignées. Pas d’eau courante, ni
d’électricité. Ils s’y installent. Maintenant qu’ils ont un
toit, il s’agit également de trouver du boulot. Si Garry est prêt
à tout type de job, son père lui est à l’affût de tous les
plans susceptibles de lui fournir de la boisson. Travailler, c’est
pas pour lui, mais récupérer l’argent gagné par son fils pour
s’acheter une bouteille sans même s’assurer que la famille aura
de quoi manger, ne lui pose aucun problème moral.
Ce
roman, c’est aussi l’histoire de Joe, un homme solitaire qui ne
dénombre plus depuis longtemps les bouteilles éclusées au cours
d’une journée. Plutôt en froid avec la police locale, c’est pas
un tendre. Il emploie des journaliers pour empoisonner des arbres
inutiles afin de pouvoir ensuite replanter des espèces plus propices
à l’industrie du bois.
Leurs
chemins sinueux vont se croiser et, au fil des jours, et presque
malgré lui, Joe va se prendre progressivement d’affection pour le
jeune garçon.
Ce
roman est dans la veine des « White Trash ». Autrement
dit, de ces romans américains qui dépeignent la misère sociale de
l’Amérique rurale, cette Amérique où les blancs sont aussi
pauvres que les noirs. Dans la droite ligne d’auteurs comme
Steinbeck. Comme pour les Raisins de la Colère, ce récit m’a
marqué par son intemporalité. L’histoire de Joe et de Garry, si
elle s’est passée hier, aurait tout aussi bien pu se passer il y a un
demi-siècle. Elle pourrait également se passer aujourd’hui et le
seul indice qui nous indique que ce n’est pas le cas, c’est
qu’il n’y a ni téléphone portable, ni internet. Ce qui est sûr,
par contre, c’est que des types comme Joe ou des mômes comme
Garry, l’Amérique actuelle doit en compter encore.
La fête de l'ours de Jordi Soler aux Editions 10/18
Diffusée cette semaine dans le cadre des chroniques littéraires de Radio Béton
Des poches sous les yeux
La fête de l'ours - Jordi Soler aux éditions 10/18
La fête de l'ours - Jordi Soler aux éditions 10/18
Toute la famille, cependant s’accorde
à voir en lui un homme valeureux et courageux, mort trop tôt et qui
aurait pu devenir un pianiste virtuose si la guerre ne s’était
mêlée de contrarier ce destin et d’anéantir son avenir.
En 2007, l’auteur Jordi Soler, est en
pleine conférence à Argelès-sur-Mer. Il y est venu pour parler de
la guerre civile d’Espagne et de ce camp de concentration, mis en
place par le gouvernement français pour y enfermer les républicains
espagnols fuyant la répression franquiste. Tout près de cette plage
d’Argelès sur Mer, sanglante en cette période sombre et devenue
aujourd’hui un haut lieu de villégiature.
C’est là, lors de cette conférence
qu’une vieille femme, une mendiante, va tendre au narrateur une
photo d’Oriol datant d’après la guerre et une lettre. Impossible
de continuer à croire au mythe familial. Le narrateur ne peut que se
lancer dans une longue enquête pour retrouver les traces du passé,
pour savoir ce qu’est réellement devenu son oncle. Dès lors,
commence à se fissurer la légende.
Je me retiens de vous dévoiler le
dénouement de ce roman, car cette fin est magistrale, et elle
donne une immense profondeur à l’ensemble du récit.
Ce que j’ai aimé, à la lecture de
ce livre, c’est la découverte d’un pan de l’histoire trop
méconnu, c’est cette quête de vérité si inconfortable alors
qu’il aurait été si facile de laisser vivre le mythe. C’est
également parce que l’auteur pointe du doigt ce que notre mémoire,
individuelle ou collective s’efforce d’oublier. Ce sont les
questionnements du narrateur tout au long de son enquête, au fur et
à mesure de ses découvertes sur ce que l’on est vraiment
lorsque l'on sort des circonstances de la vie « ordinaire ».
Si cela avait été nous, aurions nous
été héros ou salaud ? Comment, pourquoi bascule-t-on ?
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