Enfin en livre de poche, donc chroniqué sur Radio Béton dans le cadre de l'émission "Des poches sous les yeux"
Comme l’auteur, Ian Manook l’avoue lui-même dans un petit interview que vous trouverez en cliquant ici, pas facile de demander à son libraire ce livre au titre un peu alambiqué, mais il nous propose une petite technique ludique pour y parvenir.
Le livre... A vrai
dire, quand on regarde la couverture, la silhouette de cow-boy en
premier plan ne nous laisse guère deviner qu’on va s’expatrier
le temps d’un roman, au bout du monde, du côté de la Mongolie.
C’est pourtant là que Ian Manook va nous entraîner en un immense
périple pleine de rebondissements. Mais qui est Yeruldelgger ?
Yeruldelgger est un
flic encombrant, que rien ne peut dévier des buts qu’il s’est
fixé. C’est un flic maudit, déchiré par la perte d’une de ses
filles, la haine de l’autre et la folie de sa femme. Il ne lui
reste plus que la colère, moteur de toute son énergie pour résoudre
les crimes sordides d’Oulan-Bator.
Ceux auxquels il va
devoir faire face sont particulièrement atroces. C’est celui d’une
petite fille de cinq ans, enterrée vivante avec son tricycle au beau
milieu d’une plaine mongole. S’il n’en avait tenu qu’à lui,
il aurait néanmoins préféré s’occuper plutôt de résoudre
l’affaire des trois chinois et des deux femmes mongoles assassinées
dans des circonstances très glauques. Mais le vieux nomade qui avec
sa famille a découvert le cadavre de l’enfant, lui confie l’âme
de cette dernière. Il ne pourra être en paix que lorsqu’il aura
résolu cette affaire et fait enterrer dignement l’enfant. Comme
Yeruldelgger n’envisage pourtant pas de laisser cette seconde
affaire aux mains d’un collègue qu’il juge comme incapable, il
mènera les deux de front...
Yeruldelgger sillonne
la Mongolie, à la recherche de preuves, d’indices et nous embarque
avec lui dans une histoire mouvementée. Comme dans la steppe, les
pistes mongoles se croisent et s’entremêlent. Ces assassinats
abominables, contre toute attente, seront étroitement liés à celui
de l’enfant. Toute la force du livre est de nous faire vivre au
travers de cette enquête, la Mongolie, ses paysages immenses et
rudes, mais aussi ses tensions, ses contradictions entre tradition et
modernité, son histoire, ses déchirements, que l’on ignore, ici,
en occident. A lire ce livre on imagine le goût du thé au beurre
salé, celui des gâteaux aigres au lait séché. On a la sensation
d’entrer dans l’intimité des yourtes et de ceux qui y vivent,
non pas comme des voleurs, des touristes, le temps d’un cliché
exotique, mais le temps d’un échange souvent intense entre
Yeruldelgger et d’autres personnages qui émaillent ce roman. C’est
là, pour moi, la seconde force de ce livre. La qualité des
personnages secondaires ou même de ceux juste croisés le temps de
quelques pages par ce flic. On se surprend à aimer tous ces
protagonistes sans qui Yeruldelgger ne serait rien, ne parviendrait à
rien. Ils donnent le sel, sans laquelle la saveur de ce récit aurait
pu être fade.
L’intrigue est riche
en événements comme autant de trous de marmottes et d’ornières
sur les pistes mongoles. L’écriture est fluide, les mots glissent
comme l’eau d’une rivière qui nous emporte au fil des pages.
Parfois poétique, parfois pleine d’humour, l’écriture de Ian
Manook nous laisser deviner à quel point il a aimé ce pays qu’il
nous invite à découvrir sous sa plume. C’est une lecture idéale
pour se détendre et se divertir durant ses vacances. Une invitation
au voyage.