En ces temps
troublés où, lorsque nous parlons d’extrémisme religieux, nos
regards se tournent irrémédiablement vers le Moyen-Orient, j’ai
eu grand plaisir à lire le roman de Wiley Cash « Un pays plus
vaste que la terre » publié aux éditions 10/18. Premier roman
de l’auteur, ce livre décentre cette problématique en nous
plongeant au cœur des Etats-Unis et nous montre une face bien sombre
de l’Amérique, où fanatisme religieux, violence et alcool
gangrènent sournoisement les villages les plus calmes en apparence.
On est loin, très loin de « la petite maison dans la
prairie », dans l’envers du décors, l’enfer du décors...
plutôt !
Ce premier roman se
déroule dans une petite bourgade du sud des Etats-Unis dans les
années quatre-vingts. Dans cette petite ville qui semble si
tranquille, les conditions de travail sont rudes et tournées pour
l’essentiel autour de l’économie du tabac. La religion y tient
une grande place dans la cohésion de la communauté. Une trop grande
place depuis que le pasteur Chambliss, un homme au passé trouble y
devient prédicateur. S’inspirant de l’Evangile selon Saint Marc,
il a une vision bien particulière de la religion et ses méthodes de
prédication sont violentes et peu orthodoxes. A tel point que,
Mademoiselle Lyle a préféré soustraire de son influence les
enfants, pour les cours de catéchisme qu’elle leur dispense quand
les adultes sont à l’office.
Jusqu’à la mort
de Stump, un jeune garçon muet, personne pourtant ne vient mettre
son nez dans la façon dont il gère église. S’agit-il d’un
meurtre ? Ou d’un accident ?
A l’occasion de
cette enquête, le sherif découvrira que la mort de l’enfant n’est
pas le seul sombre secret que cache cette communauté.
Nous allons
découvrir, dans ce roman à trois voix qui s’entremêlent, les
raisons sordides de ce décès. Très vite, on est hapés par
l’histoire. La question de savoir qui est responsable de la mort du
jeune garçon ne se pose très vite plus. C’est comprendre
l’engrenage insidieux qui a conduit à cela qui apporte tout son
intérêt à ce livre, et nous le découvrons par petites touches au
travers des regards croisés des trois protagonistes qui tissent
cette histoire. C’est de découvrir comment des gens censés,
glissent progressivement individuellement et collectivement jusqu’au
dérapage inéluctable qui font la force de ce roman.