vendredi 31 octobre 2014

Yerruldelgger - Ian Manook



Enfin en livre de poche, donc chroniqué sur Radio Béton dans le cadre de l'émission "Des poches sous les yeux"

Comme l’auteur, Ian Manook l’avoue lui-même dans un petit interview que vous trouverez en cliquant ici, pas facile de demander à son libraire ce livre au titre un peu alambiqué, mais il nous propose une petite technique ludique pour y parvenir.

Le livre... A vrai dire, quand on regarde la couverture, la silhouette de cow-boy en premier plan ne nous laisse guère deviner qu’on va s’expatrier le temps d’un roman, au bout du monde, du côté de la Mongolie. C’est pourtant là que Ian Manook va nous entraîner en un immense périple pleine de rebondissements. Mais qui est Yeruldelgger ?

Yeruldelgger est un flic encombrant, que rien ne peut dévier des buts qu’il s’est fixé. C’est un flic maudit, déchiré par la perte d’une de ses filles, la haine de l’autre et la folie de sa femme. Il ne lui reste plus que la colère, moteur de toute son énergie pour résoudre les crimes sordides d’Oulan-Bator.

Ceux auxquels il va devoir faire face sont particulièrement atroces. C’est celui d’une petite fille de cinq ans, enterrée vivante avec son tricycle au beau milieu d’une plaine mongole. S’il n’en avait tenu qu’à lui, il aurait néanmoins préféré s’occuper plutôt de résoudre l’affaire des trois chinois et des deux femmes mongoles assassinées dans des circonstances très glauques. Mais le vieux nomade qui avec sa famille a découvert le cadavre de l’enfant, lui confie l’âme de cette dernière. Il ne pourra être en paix que lorsqu’il aura résolu cette affaire et fait enterrer dignement l’enfant. Comme Yeruldelgger n’envisage pourtant pas de laisser cette seconde affaire aux mains d’un collègue qu’il juge comme incapable, il mènera les deux de front...

Yeruldelgger sillonne la Mongolie, à la recherche de preuves, d’indices et nous embarque avec lui dans une histoire mouvementée. Comme dans la steppe, les pistes mongoles se croisent et s’entremêlent. Ces assassinats abominables, contre toute attente, seront étroitement liés à celui de l’enfant. Toute la force du livre est de nous faire vivre au travers de cette enquête, la Mongolie, ses paysages immenses et rudes, mais aussi ses tensions, ses contradictions entre tradition et modernité, son histoire, ses déchirements, que l’on ignore, ici, en occident. A lire ce livre on imagine le goût du thé au beurre salé, celui des gâteaux aigres au lait séché. On a la sensation d’entrer dans l’intimité des yourtes et de ceux qui y vivent, non pas comme des voleurs, des touristes, le temps d’un cliché exotique, mais le temps d’un échange souvent intense entre Yeruldelgger et d’autres personnages qui émaillent ce roman. C’est là, pour moi, la seconde force de ce livre. La qualité des personnages secondaires ou même de ceux juste croisés le temps de quelques pages par ce flic. On se surprend à aimer tous ces protagonistes sans qui Yeruldelgger ne serait rien, ne parviendrait à rien. Ils donnent le sel, sans laquelle la saveur de ce récit aurait pu être fade.

L’intrigue est riche en événements comme autant de trous de marmottes et d’ornières sur les pistes mongoles. L’écriture est fluide, les mots glissent comme l’eau d’une rivière qui nous emporte au fil des pages. Parfois poétique, parfois pleine d’humour, l’écriture de Ian Manook nous laisser deviner à quel point il a aimé ce pays qu’il nous invite à découvrir sous sa plume. C’est une lecture idéale pour se détendre et se divertir durant ses vacances. Une invitation au voyage.  

1 commentaire:

  1. par ce premier opus j'ai découvert Ian Manook et M. Yeruldelgger. J'ai trouvé ce livre passionnant.Beaucoup de poésie dans la description des paysages de Mongole.Histoire rude où les racines culturelles nous submergent parfois avec humour.

    RépondreSupprimer