dimanche 26 octobre 2014

Lou Reed, une vie par Mick Wall - Editions Robert Laffont





C’est pour participer à un direct de Radio Béton, dans le cadre de la Bourse aux disques et à la Bande Dessinée, un événement festif qui se déroule dans quelques jours, que j’ai été amenée à lire ce livre. La consigne proposée aux différents chroniqueurs était de parler d’un bouquin soit écrit par un chanteur, un compositeur, ou un musicien, soit qui parlerait de musique... Je séchais. J’avais rien en magasin.

C’est alors, qu’Odile, notre vénérée cheffe d’orchestre de l’émission « Des Poches Sous les Yeux » m’a proposée de chroniquer la biographie de Lou Reed. Aïe... Une biographie ! Et en plus, celle d’un type que je connais de nom, mais pas plus que ça. Pour moi, les bio, c’est soit pour les groupies, soit pour les historiens. Mais bon, comme j’avais rien d’autre à proposer à la place, et parce que c’est bien difficile de refuser face à son sourire, j’ai dit oui.

Et là, miracle ! Je dois dire qu’elle m’a fait un sacré cadeau en m’invitant à lire ce bouquin. Bien sûr j’ai découvert que Lou Reed était un homme hors du commun et pas seulement l’auteur de « Walk on the wild side ». De Lou Reed, j’avais l’image d’un mauvais garçon tombé, comme tant d’autres à la même époque, dans le rock et les drogues en même temps que dans la célébrité. Les quelques chansons que je fredonnais de lui, c’était sans même savoir qu’il en était l’auteur. Grâce à ce livre, j’ai pu suivre dans ses multiples méandres toute l’histoire de cette figure du rock underground. De l’origine avec John Cale du groupe précurseur « Velvet Underground » à la fin des années soixante, en passant par ses albums solo et jusqu’à son dernier enregistrement avec Metallica en 2011. Depuis son premier disque et jusqu’au dernier, il n’a jamais cessé d’être une figure tout à la fois reconnue et maudite du rock.

Mais surtout, la grande force de ce livre, c’est la plume de Mick Wall et la traduction époustouflante de Michka Assayas. L’écriture est vivante, caustique, drôle. Si on sent l’affection que l’auteur de cette biographie porte à Lou Reed, cela ne l’empêche absolument pas d’en envoyer des vertes et des pas mûres. On est à des années lumières de la biographie sirupeuse et compassée, cirée à la brosse à reluire.

D’entrée de jeu, dès les premières pages, il donne le ton :
Juif. Pédé. Junkie.
Lou Reed avait déjà atteint les deux premiers de ces objectifs à dix-sept ans. Ses parents l’ont alors envoyé suivre une thérapie à base d’électrochocs, la grande nouveauté dans l’Amérique de la fin des années 1950 pour remettre dans le droit chemin ses gamins délinquants. Une expérience qui allait contribuer, peu de temps après, à le propulser vers le troisième objectif.

Mais tout au long du récit, il nous en colle quelques autres, bien gratinées.
Pétri d’esprit de contradiction, depuis son casque de bouclettes jusqu’au bout de ses boots pointues, Lou Reed ne cesserait plus de forger sa carrière en faisant toujours ce qu’on attendait le moins de lui – et souvent ce qu’on désirait le moins (...) Reed sur scène vous prenait toujours au dépourvu : C’était le genre de rebelle qui aurait mieux aimé s’arracher les yeux que de rester assis à écouter parler d’autres soi-disant rebelles ; un traître pour les deux parties, fuyant toute définition précise, y compris le concernant.

Ou encore :
Lou allait devenir le triple champion du monde dans une discipline inédite : tourner violemment le dos à son propre succès.

Cela ne l’empêche pourtant pas de montrer son admiration pour le talent de Lou Reed
Lou Reed a commencé là où le rock s’est arrêté. Avant lui, on écoutait cette musique pour s’amuser. Après lui, le rock est devenu littéraire, sombre, dérangeant et par dessus tout, sombre jusqu’à l’inquiétant.

Je ne voudrais pas vous gâcher le plaisir d’autres découvertes. J’avais juste envie de vous donner quelques bribes qui donnent le ton du livre : brut, vif et jubilatoire.

Aussi, que vous soyez depuis toujours fan de Lou Reed et / ou du Velvet Underground ou, comme moi jusqu’à cette lecture, que vous ne sachiez que vaguement qui il était, et même si le rock et vous ce n’est pas la pleine osmose, lisez ce livre écrit avec un talent rare de conteur. Je ne crois pas que vous le regretterez.  

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