mardi 25 novembre 2014

Je suis sa fille - Benoit Minville - Editions Sarbacane

Joan, elle a la rage. La haine. Elle est prête à tout, à tuer et à mourir aussi pour venger son père.

Son objectif, tuer le Grand Patron, dans sa villa niçoise, où les journaux rapportent qu’il est en villégiature. Parce que pour Joan, il est le responsable, celui qui incarne ce monde du travail qui broie les hommes et qui en a écrasé un de trop... Son père.

Bien sûr, elle sait que rien n’est aussi simple que cela. Que c’est un engrenage et que celui qu’elle désigne comme le coupable aujourd’hui pourrait à son tour devenir une victime demain. Mais elle veut retrouver cet homme maintenant, pour assouvir sa colère qui emporte tout. Parce que son père, c’est maintenant qu’il est sur son lit d’hôpital dans un sale état.

Elle a 17 ans, Joan. Et jusqu’à ce coup de tonnerre qui déchire sa vie, elle coulait des jours paisibles. Lorsqu’elle apprend la nouvelle, elle se réfugie auprès d’Hugo, son meilleur ami et c’est auprès de lui qu’elle déverse les torrents de fureur qui la débordent. Il a 18 ans, Hugo et il décide d’accompagner Joan dans son projet fou. Parce qu’il n’a pas grand chose à perdre, lui non plus et que Joan, il s’est juré de toujours la protéger. Il emprunte la voiture de collection de son frère, sans lui demander son avis. Il sait qu’il va être furax, mais de toute façon vu le projet de Joan, ça n’a pas grande importance.

Ils vont traverser la France et ce voyage va être l’occasion de rencontres inattendues. A cette occasion, Joan va découvrir qu’il existe d’autres forces plus vives encore que la haine et la colère.

Ce livre, c’est un cri de rage, mais c’est aussi un chant d’amour. D’amour de la vie, de tendresse aussi. Si le contexte est sombre, si la hargne sourd derrière les mots, c’est aussi une histoire de vie bouillonnante, impétueuse, qui laisse espérer quand on referme le livre que la fougue de la jeunesse sera plus forte que la résignation des adultes qui ont rangé au placard leurs rêves et leurs espoirs.


L’écriture est intense, comme un gros concert punk-rock à plein volume. Ça envoie sévère et on est dès les premiers mots embarqués dans l’aventure. On est pris aux tripes par ce bouquin et c’est impossible de décrocher avant la fin. C’est paraît-il un livre pour ados, moi j’ai envie de dire qu’il est pour jeunes adultes, (et moins jeunes aussi, car c’est un des livres que j’ai préféré dans tous ceux lus ces derniers mois).

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