La
Faux Soyeuse d’Eric Maravélias
Série Noire Gallimard
Que
dire de La Faux Soyeuse qui n’ai déjà été mentionné par
d’autres critiques ? Pas si facile... Mais j’ai eu la chance
de pouvoir lire cette œuvre dans sa version initiale, avant que le
manuscrit ne soit accepté par Gallimard. Je dois vous avouer que
ce jour-là, je me suis prise une bonne baffe. Mon ressenti, à cette
époque, était que je venais de tomber sur un diamant brut et qu’il
ne manquait plus qu’un orfèvre pour en faire briller toutes les
facettes et surtout un écrin pour permettre à ce joyaux de montrer
tout son éclat.
Lorsque
l’auteur m’a informée que La Faux Soyeuse paraîtrait à la
Série Noire, j’étais ravie. Quand il m’a dit quelques mois plus
tard que le livre avait été épuré de près de deux cents pages...
là j’ai eu peur ! Je m’inquiétais de savoir quels passages
avaient été sacrifiés ou remodelés.
Qu’allait-il rester de cette œuvre dense qui m’avait bouleversée ? Allais-je retrouver dans cette œuvre retravaillée ce qui faisait la force de l’œuvre initiale ?
Qu’allait-il rester de cette œuvre dense qui m’avait bouleversée ? Allais-je retrouver dans cette œuvre retravaillée ce qui faisait la force de l’œuvre initiale ?
J’ai
donc mis un peu de temps avant d’oser remettre le nez dans ce
livre...
Je
dois dire, après l’avoir refermé, que j’ai été agréablement
surprise. Le travail conjoint de l’auteur et de l’éditeur a
permis de ciseler cette œuvre. Le livre a gagné en structuration et
cette version condensée en a encore renforcé la noirceur. Mon seul
regret est la perte de quelques passages plus sociologiques ou
philosophiques qui émaillaient ce récit initial. Tous n’ont pas
disparus, mais j’aimais ces passages qui témoignaient d’une
grande lucidité et des capacités d’analyse de l’auteur et qui
étaient liés au fait que le livre avait été écrit sur plusieurs
années. Mais j’ai retrouvé avec plaisir l’écriture acérée,
les dialogues vifs, l’humour noir et la poésie qui se dégagent de
cette œuvre et qui font de ce livre bien plus qu’un témoignage
sur la drogue et ceux qui auraient plongé, les morts et les
survivants.
Ce
qui, pour moi, fait la force de ce livre, c’est qu’il réussit
tout à la fois à être accessible à tous sans pour autant se
contenter d’une écriture facile. S’il convaincra sans peine les
amateurs de livres noirs, ou ceux qui connaîtraient de près ou de
loin le monde de la rue ou celui de la drogue. Il peut s’adresser à
un public plus vaste. Je suis persuadée qu’il peut toucher des
personnes qui ne sont pas de grands lecteurs parce qu’il parle sans
fard de la vie d’aujourd’hui, celle qui les touche, celle qu’ils
vivent. Mais, parce qu’il ne s’agit pas uniquement d’une
intrigue bien tournée ou d’un parcours de vie, parce qu’il y a
une écriture et parce que l’auteur de la Faux Soyeuse nous
entrouvre la porte des méandres psychologiques du principal
protagoniste de cette histoire, ce livre est susceptible de toucher
tout autant un public exigeant quant aux qualités littéraires d’un
texte.
Ce livre a fait partie des douze nominés au prix de Flore 2014. Au vu de l'immense production littéraire actuelle, il n'est malheureusement pas certain que cela suffise à lui permette de se
faire connaître en dehors des seuls amateurs de la littérature de
genre. Mais cela démontre que le roman noir n’est pas une
« sous-littérature » populaire mais qu’on y trouve des
œuvres riches, avec une écriture exigeante et affirmée.
Petit cadeau bonus : Une vidéo co-produite avec l'auteur pour vous mettre dans l'ambiance du livre
Petit cadeau bonus : Une vidéo co-produite avec l'auteur pour vous mettre dans l'ambiance du livre
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