Voici le lien vers ma première chronique version audio :
Le seigneur des porcheries - Tristan Egolf
et ci-dessous, la version texte :
Peut-être
par peur de ne pas tenir les trois minutes nécessaires (non, pas
celles de M. Cyclopède) mais celle « des poches sous les
yeux » j'ai choisi du lourd, un sacré pavé de quelques six
cents pages pour ma première chronique. J'essaierai d'être à la
hauteur, ou plutôt de faire le poids, car ce bouquin, pour moi,
c'est un véritable chef-d’œuvre.
Bon,
vous me direz que pour le moment vous n'avez toujours aucune idée du
bouquin en question. Il s'agirait donc, peut-être, de commencer par
le commencement et donner le titre de l’œuvre voire,
éventuellement, l'auteur de cette petite merveille...
Le
roman que j'ai envie de vous faire découvrir, c'est :
Le
seigneur des porcheries de Tristan Egolf.
Il
est
édité
aux éditions Folio, chez Gallimard, et vous pouvez le trouver pour
moins de neuf euros.
Ce
livre et la destinée de l'auteur ne sont pas sans rappeler « La
conjuration des imbéciles » de John Kennedy Toole, qui a déjà
été chroniqué dans « des poches sous les yeux » et que
vous pouvez retrouver sur le site internet de l'émission. Les deux
écrivains ont eu beaucoup de mal à faire éditer leur œuvre.
Ainsi, avant d'être découvert par la fille de Patrick Modiano et
présenté aux éditions Gallimard, ce manuscrit avait essuyé plus
de soixante dix refus de maisons d'éditions américaines. Les deux
livres ont également comme point commun de décrire avec une
vivacité de ton et de style, la chronique de vie d'un anti-héros
hors du commun.
Sur
un peu plus de six cent pages, les mots déferlent. Tristan Egolf
nous dépeint d'un écriture acide, cynique, drôle, acérée, une
fresque de l'Amérique profonde. On suit sans reprendre notre
souffle, les péripéties de John Kaltenbrunner. Au travers de cette
chronique de la vie, véritable épopée,Tristan Egolf nous livre une
étude des mœurs cruelle et jubilatoire de la petite bourgade de
Baker et de ses habitants. Les descriptions, souvent caricaturales,
sont écrites dans un style flamboyant, pleines de bruit et de
fureur.
Je
ne résiste pas à l'envie de vous en proposer deux extraits qu'il
m'a bien été difficile de sélectionner tant il y en a d'autres
tout aussi truculents :
Si
un individu parmi cinquante devait se faire chier dessus par un vol
de mouettes, ce serait John, à chaque fois, sans exception. Personne
n’avait un don pareil pour se trouver là où il ne fallait pas.
Quant
à Baker et ses habitants :
La
majorité des élèves quittait Holborn High en croyant dur comme fer
que les dinosaures avaient disparu parce que Noé n'avait pas assez
de place pour eux sur l'arche. Il allait de soi que toute exception à
la norme, quelle qu'elle fût suscitait l'hostilité immédiate de
cet environnement. Tout individu qui ne s'engageait pas bovinement
dans l'une des deux voies possibles - l'école de commerce ou les
usines du coin - pouvait être considéré comme condamné d'entrée
de jeu à des années de rejet impitoyable.
Depuis
son plus jeune âge, donc, et jusqu'à la mort tragique, forcément
tragique, de John, nous allons être entraînés dans les bas-fonds
de cette petite ville et comme notre anti-héros, assister à
deux inondations, quatorze bagarres, trois incendies criminels, une
émeute , une tornade dévastatrice, l'invasion de méthodistes
déchaînés, la révolte des torche-colline, et découvrir comment
un match de basket se transforme en cataclysme.
Tout
au long de ces six cents pages, nous allons subir avec John un
déferlement
sans bornes de haine et de violence verbale, morale et physique, de
la part de cette population ignare, jusqu'à
ce qu'il finisse par se venger de la communauté qui l'a mis en
butte. Sa vengeance sera un incroyable feu d'artifice, un chaos
jubilatoire.
Pour
oublier l'ennui et la météo maussade qui nous colle aux baskets ces
derniers mois, je vous invite donc à découvrir la plume caustique,
décapante, mordante, de Tristan Egolf.
« Le
seigneur des porcheries » est édité en livre de poche chez
Folio Gallimard pour moins de 9 euros.
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