mardi 1 juillet 2014

Le seigneur des porcheries - Tristan Eglof

Parce que depuis peu je propose quelques chroniques littéraires enregistrées pour une radio locale indépendante tourangelle Radio Béton dans le cadre de l'émission "Des poches sous les yeux"


Voici le lien vers ma première chronique version audio :
 Le seigneur des porcheries - Tristan Egolf 



et ci-dessous, la version texte : 

Peut-être par peur de ne pas tenir les trois minutes nécessaires (non, pas celles de M. Cyclopède) mais celle « des poches sous les yeux » j'ai choisi du lourd, un sacré pavé de quelques six cents pages pour ma première chronique. J'essaierai d'être à la hauteur, ou plutôt de faire le poids, car ce bouquin, pour moi, c'est un véritable chef-d’œuvre.

Bon, vous me direz que pour le moment vous n'avez toujours aucune idée du bouquin en question. Il s'agirait donc, peut-être, de commencer par le commencement et donner le titre de l’œuvre voire, éventuellement, l'auteur de cette petite merveille...

Le roman que j'ai envie de vous faire découvrir, c'est :
Le seigneur des porcheries de Tristan Egolf.
Il est édité aux éditions Folio, chez Gallimard, et vous pouvez le trouver pour moins de neuf euros.

Ce livre et la destinée de l'auteur ne sont pas sans rappeler « La conjuration des imbéciles » de John Kennedy Toole, qui a déjà été chroniqué dans « des poches sous les yeux » et que vous pouvez retrouver sur le site internet de l'émission. Les deux écrivains ont eu beaucoup de mal à faire éditer leur œuvre. Ainsi, avant d'être découvert par la fille de Patrick Modiano et présenté aux éditions Gallimard, ce manuscrit avait essuyé plus de soixante dix refus de maisons d'éditions américaines. Les deux livres ont également comme point commun de décrire avec une vivacité de ton et de style, la chronique de vie d'un anti-héros hors du commun.

Sur un peu plus de six cent pages, les mots déferlent. Tristan Egolf nous dépeint d'un écriture acide, cynique, drôle, acérée, une fresque de l'Amérique profonde. On suit sans reprendre notre souffle, les péripéties de John Kaltenbrunner. Au travers de cette chronique de la vie, véritable épopée,Tristan Egolf nous livre une étude des mœurs cruelle et jubilatoire de la petite bourgade de Baker et de ses habitants. Les descriptions, souvent caricaturales, sont écrites dans un style flamboyant, pleines de bruit et de fureur.

Je ne résiste pas à l'envie de vous en proposer deux extraits qu'il m'a bien été difficile de sélectionner tant il y en a d'autres tout aussi truculents :

Si un individu parmi cinquante devait se faire chier dessus par un vol de mouettes, ce serait John, à chaque fois, sans exception. Personne n’avait un don pareil pour se trouver là où il ne fallait pas.

Quant à Baker et ses habitants :

La majorité des élèves quittait Holborn High en croyant dur comme fer que les dinosaures avaient disparu parce que Noé n'avait pas assez de place pour eux sur l'arche. Il allait de soi que toute exception à la norme, quelle qu'elle fût suscitait l'hostilité immédiate de cet environnement. Tout individu qui ne s'engageait pas bovinement dans l'une des deux voies possibles - l'école de commerce ou les usines du coin - pouvait être considéré comme condamné d'entrée de jeu à des années de rejet impitoyable.

Depuis son plus jeune âge, donc, et jusqu'à la mort tragique, forcément tragique, de John, nous allons être entraînés dans les bas-fonds de cette petite ville et comme notre anti-héros, assister à deux inondations, quatorze bagarres, trois incendies criminels, une émeute , une tornade dévastatrice, l'invasion de méthodistes déchaînés, la révolte des torche-colline, et découvrir comment un match de basket se transforme en cataclysme.

Tout au long de ces six cents pages, nous allons subir avec John un déferlement sans bornes de haine et de violence verbale, morale et physique, de la part de cette population ignare, jusqu'à ce qu'il finisse par se venger de la communauté qui l'a mis en butte. Sa vengeance sera un incroyable feu d'artifice, un chaos jubilatoire.

Pour oublier l'ennui et la météo maussade qui nous colle aux baskets ces derniers mois, je vous invite donc à découvrir la plume caustique, décapante, mordante, de Tristan Egolf.

« Le seigneur des porcheries » est édité en livre de poche chez Folio Gallimard pour moins de 9 euros.

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