Au format pdf... Par ici !
Cette histoire finit mal.
La nuit est pleine, silencieuse. Aussi
la vache sursaute dans son pré quand la 80 cm3 déchire l’air avec
son pot à vif.
La moto file au milieu de la petite
route, sans tenir compte du marquage au sol. Elle s’évade dans un
fracas terrible, semble boire l’obscurité avec son phare fébrile.
Accroché au guidon, Stéphane est
obligé de plisser les yeux à cause du vent froid.
Derrière, José hurle à la mort son
long cri de guerre qui s’acoquine de la pétarade du moteur. Sa
nuque longue dans le vent, épaisse moustache hirsute au-dessus de
son sourire.
Stéphane regarde le compteur. 115
km/h. Il sourit et tourne encore la poignée.
José jubile et termine de vider ses
poumons.
Ils filent. Les rois. Deux zéros
célestes.
Le parking de l’« Eden »
est presque vide.
Quelques bécanes rangées à côté
d’une série de mobylettes, des voitures, un semi.
Les basses résonnent en eux. Le chant
des sirènes.
Plantés côte à côte, Stéphane et
José regardent les éclairages du bâtiment grésiller. Tout autour,
des champs perdus dans le noir.
Devant eux : l’objet du désir.
L’énorme S.U.V rutilante, frimeuse dans sa carrosserie criarde.
José passe deux doigts sur sa
moustache.
— Paraît qu’il l’a achetée
cash, M’sieur Éric, dit-il face au pare-brise où des autocollants
vantent les mérites du camping local et du parc Aqua-fun.
— Tu sais démarrer avec les
fils et tout, toi ?
Stéphane cale le pied-de-biche sur son
épaule.
— J’ai mieux là.
Ils échangent un regard, sourires
entendus.
Ils pourraient franchir le mur du son.
José en est sûr, alors il laisse à
nouveau échapper son cri de guerre.
L’engin fonce dans la nuit, les mains
de Stéphane paraissent trop petites sur le volant. Il beugle :
— On est les meilleurs !!!
— On est Bonnie and Clyde !!
On t’encule, M. Éric !!! répond José en frappant le bois de
la boîte à gant en beuglant.
— Alors. Qui c’est le
péquenot, hein, connard !
Stéphane, un sourcil dressé, s’essaye
à des visages patibulaires dans le rétroviseur.
— T’avais déjà, toi, piqué
une caisse ? demande-t-il.
— Pas trop. Enfin si. Mais
c’était pas pareil. Elle était pas aussi classe. Et il le
méritait pas. Enfin, moins.
— La gueule qu’il va faire, M.
Éric.
— Y fera moins le malin, à nous
refuser l’entrée de sa boîte merdique, à se foutre de nous tout
le temps, quand y nous croise au marché. À nous prendre de haut. Il
se prend pour le roi, mais ON est les rois des rois !
— Hey, sérieux, on assure. Le
monde est à nous, on pourrait même braquer une banque, vu comment
on est des bons, déclame Stéphane sans modestie.
— Clair, t’as ouvert cette
caisse comme les mecs ouvrent les cuisses de Laura y paraît…
Regard mauvais du conducteur.
— C’est toujours ma sœur,
mec…
— Hein ?
— C’est ma sœur.
— Tu peux pas faire ça alors,
c’est dégueu.
— Quoi ? Mais nan, je …j’ai
pas dit ça pauvre gland, c’est toi qui…
José est passé à autre chose, il
recoiffe sa tignasse crasse dans le rétro de la taille d’une
vitrine. Il hurle à nouveau, dévoile sa glotte.
— On est les rois, personne peut
nous arrêter !!!!
Steph se marre. Braille à son tour.
Le bolide s’éloigne.
Ils roulent depuis quarante minutes.
Bercés par le ronflement du moteur.
Stéphane conduit prudemment, une clope
calée aux coins des lèvres.
Une légère vibration s’élève dans
l’habitacle.
José tout sourire s’amuse avec le
dossier de son siège.
— Hey, regarde, on dirait
intouchable.
— Quoi ?
— Intouchable là. Le film avec
le Noir et le mongol.
Stéphane passe deux doigts sur ses
paupières.
— Il est pas Mongol, il est
handicapé.
José hausse les épaules.
— Ma grand-mère elle est
handicapée. Lui il ressemble aux mongols du Téléthon.
Stéphane revoit la vieille
paraplégique, va pour rétorquer, et se tait.
Le silence retombe pendant un court
instant.
— On doit être les mecs les
plus recherchés du coin, dit José, toujours à manipuler le dossier
avec des à-coups agaçants pour le
conducteur.
— Clair. M’sieur Éric a dû
lancer ses hommes à nos trousses.
— Ça lui apprendra j’te dis.
— Hey, n’empêche, ils font
les meilleurs nuggets que j’ai jamais bouffés à l’ Eden. À te
faire croire que c’est du vrai poulet là-dedans. Alors que le truc
a jamais vu la lumière. J’ai vu des reportages sur W9. Quand tu
vois ça, t’as envie de bouffer des conserves toute ta vie pour pas
prendre de risque.
— J’en ai bouffé quatre
buckets une fois, j’ai vomi pendant deux jours. J’aurais dû
porter plainte. Aux States tu deviens riche comme ça. Merde, ça y
est, j’ai faim.
José fouille frénétiquement la boîte
à gants d’où rien ne dépasse.
Un gyrophare les interrompt.
Stéphane se crispe. José enfonce sa
tête dans ses épaules. La nuit se colore de plus en plus dans leur
dos.
— C’est pour nous, putain
c’est pour nous. Gémit José.
— Meeeeeerde.
— C’est chaud…
— Regarde dans la boîte à
gants, fait Stéphane.
— Je cherche quoi ?
— Espèce d’âne, je sais pas
moi. Des tics tacs ?
José plisse les yeux.
— MAIS NAN, PAUVRE BUSE, CHERCHE
LES PAPIERS !!!
La voiture de gendarmerie actionne son
clignotant.
Stéphane sent la sueur dans son dos,
son pied appuie doucement sur le frein.
José ne respire plus. Atroce envie de
chier.
Stéphane aperçoit un chemin de halage
à leur droite s’enfoncer dans la forêt.
Au dernier moment, il braque le volant
et prend le virage serré en accélérant.
Quelque chose glisse à l’arrière du
véhicule et heurte la tôle. Un bruit sourd.
Les deux amis se regardent.
Sur la route principale, les gendarmes
poursuivent leur chemin au même rythme, sans se soucier de leur
manœuvre.
José soupire et rompt le silence.
— C’était quoi ce bruit ?
Sérieux c’était quoi à ton avis ?
— J’en sais rien, une caisse à
outils, un meuble, des poulets, j’en sais rien moi !!
Le chemin cahoteux les ramène à une
autre route déserte, baignée dans les premières lueurs du petit
matin sur laquelle ils décident de s’arrêter après quelques
centaines de mètres.
Stéphane ouvre le coffre.
Et le referme aussitôt.
Il est livide. José fait une moue
dubitative.
— C’est bien ce que je crois ?
demande Stéphane.
— Ouais, j’crois. Enfin,
refais voir.
Il ouvre le coffre à nouveau. Le corps
d’une fille git à l’intérieur. Habillée d’une tenue de gogo
danseuse, elle porte des couettes, et un maquillage épais perdu au
milieu des hématomes qui défigurent son visage.
Stéphane fait quelques pas et vomit.
José se penche pour la regarder.
— Elle est belle. Tu crois que
c’était une des danseuses de M’sieur Éric ?
— Pourquoi c’était ?
Elle est…
— Elle a pas l’air en forme.
Elle est sapée comme une salope, donc ça doit être une de ces
danseuses qu’il fait venir le premier samedi du mois. Tu sais, on
dirait une meuf qu’a fait ce truc de Télé réalité à la con là.
C’est pas facile aussi de voir avec tous ces gnons.
Stéphane relève la tête et crie dans
la campagne :
— TA GUEULE ! TA GUEULE
PUTAIN ! Tu comprends pas ? On a piqué la bagnole de mecs
capables de ça ! Imagine ce qu’ils vont nous faire quand ils
nous retrouveront !
José passe du corps de la fille du
coffre au visage inquiet de Stéphane.
— J’avais pas prévu ça moi.
— Quoi, tu croyais que M’sieur
Éric y faisait dans le caritatif ?
— Nan, mais je pensais pas que
ça pourrait nous retomber dessus.
— ON LUI A PIQUÉ SA CAISSE ET Y
A UNE MORTE DEDANS !!!
— Vu comme ça.
— Alors on fait quoi, José ?
Deux phares les cueillent dans leur
échange. Une voiture vient de s’arrêter à quelques mètres
seulement. Les yeux exorbités, incapables du moindre mouvement, les
deux amis regardent la porte conducteur s’ouvrir.
Un homme en costume en émerge et
s’avance vers eux.
— Bonjour messieurs, Bruno
Lampert, commercial chez Cogefip, je cherche l’usine Dormant et
Fils, vous savez, le matériel médical. J’ai rendez-vous à neuf
heures et je crois bien que je me suis égaré dans le coin. J’ai
passé la nuit à l’étape Hôtel de Saint Bouvron et je pense que
les indications que l’on m’a communiquées étaient caduques et…
Il approche de plus en plus.
— …Messieurs…Qu’est-ce qui
se passe messieurs ? Un problème ?
Il s’arrête quand il aperçoit la
forme dans le coffre. Il se raidit.
José tord son cou dans en direction de
l’intrus, son visage baigné dans l’aurore, et pousse un
feulement lent et strident, le bruit qu’on imagine faire un puma
acculé par des braconniers. Une bête sauvage dans son dernier
avertissement avant l’assaut.
De longues secondes terrifiantes.
Le commercial déguerpit, dérape,
manque tomber, gémit au volant de sa Mégane et repart en trombe.
Stéphane, oscille entre peur abyssale
et adrénaline, il scrute José.
— Putain, c’était moins une,
lâche celui-ci le plus naturellement du monde.
Sur le parking de l’Eden, l’un des
videurs et beau-frère d’Eric Luzerne, gérant de l’établissement,
baille et vide sa vessie attaquée par les vodkas orange à l’endroit
où le S.U.V trônait. Si loin de s’apercevoir de sa disparition.
Il regarde aux alentours, plus grand monde, les derniers
casse-couilles à raccompagner à la porte. Son regard s’arrête
sur une vieille 80 cm3 décharnée avec des autocollants panini sur
la fourche. Il renifle, lâche un pet, s’étire dans l’air frais
matinal.
La soirée a été calme. Il
reprendrait bien une petite ligne.
— On la balance dans le champ
là-bas et on repart ? propose Stéphane.
— T’es dur. Ça m’est déjà
arrivé, c’est pas agréable.
— Plus que d’avoir la tronche
défoncée au fond d’un coffre ?
— On demande une rançon ?
— Une…T’es sérieux là ?
— On rend la caisse et la
gonzesse contre une rançon, des vrais truands quoi…
— José, elle était dans le
coffre, elle est morte, y s’en cognent !
José caresse sa moustache pendant que
Stéphane a les mains enfoncées au plus profond de ses poches.
— Forcément…forcément…d’un
côté c’était ton idée.
Stéphane peine à avaler.
— Pardon ?
— La caisse de M’sieur Éric.
— Tu t’fous d’ma gueule,
hein ?
— Ma grand-mère dit que t’es
une mauvaise influence pour moi depuis qu’on se connait.
— Pauvre buse, on savait pas
encore marcher. Et ta grand-mère elle confond le boulanger et votre
horloge.
José fronce les sourcils.
— Hey, doucement, elle est
malade. Pas gaga…Elle a toujours veillé sur moi. Elle.
— Oh l’enfoiré !!!! Elle
te fait 35 Ricoré par jour José. Elle pilote son fauteuil dans les
rues
comme Schumacher en ricanant comme une
sorcière !
— Fais gaffe à ce que tu dis.
Et c’est pas moi qu’ai eu l’idée de se venger de M’sieur
Éric sous prétexte qu’il a viré ma cousine trop grosse pour être
barmaid.
— Batard. Toi, ta grand-mère,
tu lui piques son flouze, tu profites d’elle au lieu de chercher un
boulot. Il a bon dos l’Abbé Pierre !
José montre le poing, sa bouche
tordue, habituel prélude à la bagarre.
— J’vais t’péter la
tronche.
— Vas-y peau de couille. Quand
tu veux !
Les deux amis se font face. Déterminés,
sans qu’aucun des deux ne prenne la responsabilité du premier
coup.
Derrière, une forme s’élève du
coffre. José au-dessus de l’épaule de Stéphane voit la fille et
son visage cabossé les regarder. La morte. Il hurle. Un cri primal.
Stéphane sursaute et se retourne au
moment où José est pris d’un malaise et s’évanouit.
Un bourdonnement sous le crâne de
José.
Doucement, il s’extirpe du coton dans
lequel il baigne.
Il est sur le cuir de la plage arrière
grande comme sa chambre.
Un rire le surprend. Ça vient de
devant. Si loin.
Stéphane conduit. À la place du
mort : La fille. La morte. Elle a une voix rauque, comme il les
aime. Elle se reluque dans le rétro. Elle doit vraiment être
mignonne sous ses bleues.
La voix de Stéphane. Ses cheveux
dépassent à peine du siège.
— …Après, mon patron a mis la
clé sous la porte, et depuis je suis une formation de commerce
international par correspondance.
— Tu passes de couvreur à
commerce international ? C’est courageux.
— Faut savoir rebondir, surtout
par chez nous. Sauter sur les occasions que la vie te donne, tu vois.
Elle lui lance une œillade. Il lui
répond, complice.
José s’élance et vient se caler
entre eux.
— Ça va, tranquille, je dérange
pas trop ?
Stéphane fait un écart, surpris. La
fille recule.
— Putain t’es malade, je
conduis.
— C’est bon joli cœur. Vous
cherchiez un endroit peinard pour m’enterrer ?
— T’es con. T’es dans les
vapes depuis presque une heure.
José regarde la fille, présente ses
dents sous sa moustache. C’est censé être son sourire
accueillant.
— Avec Rebecca on discute, y se
trouve qu’on a plein de trucs en commun.
— Ah ouais, c’est génial,
fait José sur un ton glaçant. Alors t’es pas morte ?
— En effet.
José a finalement du mal à tenir le
regard face aux ecchymoses et il détourne les yeux.
— Excuse-moi, c’est vraiment
impressionnant ton visage.
Stéphane lui envoie une bourrade.
— Toi t’es José alors ?
— Tu lui as parlé de moi ?
Stéphane hausse les épaules.
— On m’appelle Becca, je suis
danseuse, je viens pas du coin. J’ai été engagée pour la soirée
mousse et l’un des videurs de ce trou à rats m’a fait des
avances. J’ai refusé. Je suis du genre tenace, je lui ai latté
les burnes. Voilà le résultat. Vous m’avez sauvée en volant la
bagnole de ce gros fumier qui m’a même pas payée.
— Ouais mais nous on est
doublement dans la merde maintenant, fait José, les bras sur chacun
des deux sièges avec face à eux, la départementale qui défile à
côté des mêmes paysages plats et verts.
— T’as l’air vraiment sympa
toi.
— On peut te laisser là si tu
veux…
— C’est bon José. Faut qu’on
garde la tête froide et qu’on réfléchisse à ce qu’on va
faire. Maintenant on a plus le choix tous les trois. M’sieur Éric
a dû lancer tous ses hommes à notre recherche, faut qu’on file,
on est en cavale.
— Votre M’sieur Éric, c’est
surtout un gros enfoiré qui se prend pour le roi de la nuit dans son
club miteux alors qu’il a une dégaine à pleurer devant sa femme
quand il l’a surprend au lit avec son frère , et à s’excuser en
plus de les avoir dérangés. Un branque.
— On lui a quand même piqué sa
caisse… On peut pas reculer.
— Ouais. Mais Bonnie et Clyde y
étaient pas trois. Sans vouloir te vexer, « Becca ».
Rebecca va pour s’interposer mais
Stéphane lui fait comprendre que c’est inutile et peine perdue.
— On fait quoi alors ?
— On roule. On réfléchit.
— Réfléchir ? Ça va pas
nous mener loin ça ! Si on se rend et que tu dis que c’est de
ta faute et que tu t’excuses, fait José en pointant Rebecca du
doigt. M’sieur Éric sera peut-être plus indulgent avec nous.
Après tout, t’as vu comment t’es habillée.
Rebecca serre les dents.
— Nan, fait Stéphane. On est
tous les trois, on meurt tous les trois. L’union sacrée.
— J’ai faim. Déclare José en
massant son ventre. Faut qu’on s’arrête. J’ai faim.
José revient de la station-service les
bras chargés. Ils sont assis sur la table la plus éloignée de
l’aire de repos. Derrière eux, des fourrés, et puis des champs à
perte de vue.
Le ciel gris traîne des nuages épais.
Stéphane sourit à son pote. Avant de voir ce qu’il tient dans les
mains.
— Ya que ça ?
— Quoi ?
— Des paquets de nounours en
guimauve et des glaces ?
— Y avait une offre.
Il pose le butin sur la table. Rebecca
ne s’en offusque pas et s’empare d’un cône.
José hisse ses lèvres, heureux que ça
lui plaise et, un paquet bien en mains, s’envoie deux oursons dans
la bouche.
— Et maintenant ?
demande-t-il en mâchant.
— M’sieur Éric ne nous
lâchera pas. Je crois que plus rien ne sera comme avant.
— Tu parles bien.
— Je suis sérieux José.
— Mais moi aussi. J’crois
qu’il est temps de prendre notre vie en mains Steph’.
Les deux amis se tournent vers Rebecca,
occupée à empêcher la vanille de couler sur le biscuit.
— J’ai rien à perdre. Mais
j’irai pas aux gendarmes. Pas de famille. Pas de jules. Je suis
libre comme le vent. Becca roule des yeux et Stéphane prend la balle
au bond en lui renvoyant un regard enjôleur. Et cette caisse est
d’enfer.
— C’est fou ça, y a toujours
un bien pour un mal, c’est ce que ma grand-mère me disait. Elle a
raison, on est libres…on fait ce qu’on veut.
— Alors faut qu’on bouge…
José lève le poing pour accompagner
les mots de son ami.
— Ouais, on se taille à Nancy,
j’ai toujours rêvé d’aller là-bas.
— A… C’est quoi ce délire ?
— Commence pas, Stéph, on a dit
qu’on était libres. Rien pour nous empêcher de vivre la grande
vie. On mangera ce qu’on voudra, on pourra adopter des chiens, moi
je sais jouer un peu de guimbarde, on gagnera plein de sous sur les
marchés. On fera des trucs bien. Toi, tu marches vachement bien sur
les mains. C’est vrai, dit-il en s’adressant à Rebecca, sidérée.
Une fois il avait mis un T-shirt sur ses jambes, j’ai failli le
tuer à coup de nerf de bœuf tellement j’ai eu peur.
Stéphane est emballé par les paroles
de son pote. Rebecca pouffe devant José qui s’empiffre d’oursons
à chaque fois qu’il ponctue son discours.
— Ah, j’aime quand t’es
comme ça mon José. On est les rois du monde. Y a pas de mer assez
grande pour nous !
— OUAIS. Alors, on se lâche
plus, Bonnie, Clyde et…et Rebecca, ouais ! On dormira à la
belle étoile, c’est un truc que j’ai jamais fait de manière
consciente en vrai. On a plus qu’à monter en bagnole et à…
La détonation claque dans l’air.
L’ écho vient ensuite.
La tête de José amputé d’une bonne
partie du crâne vient heurter la table. Le paquet d’oursons en
guimauve retombe à côté.
Ni Stéphane ni Rebecca ne peuvent
faire le moindre mouvement. Ils sont rigides et blafards. Le cœur
aux portes de la bouche. Un liquide visqueux masque le visage de
Stéphane.
Face à lui, seules les lèvres de
Rebecca bougent.
Une longue poignée de secondes dans le
plus insupportable des silences.
Un chasseur s’extrait d’une haie,
il passe une manche sous son nez.
— Ça va ?
Dans un geste spontané, Stéphane
prend la main de Rebecca, et la serre fort.
Moui, sympa, quelques coquilles, une private joke (Eric Cash a dû apprécier). Le road movie de deux branquignoles avec une femme qui vient s'immiscer, du déjà vu/lu (qui a dit les valseuses ?) mais c'est suffisamment enlevé pour que ce soit plaisant.
RépondreSupprimerLe chasseur, bof bof... j’aurais aimé un road-movie plus proche du macadam... Genre la tête qui racle le goudron... Pas accroché...
RépondreSupprimer