C’est pour
participer à un direct de Radio Béton, dans le cadre de la Bourse
aux disques et à la Bande Dessinée, un événement festif qui se
déroule dans quelques jours, que j’ai été amenée à lire ce
livre. La consigne proposée aux différents chroniqueurs était de
parler d’un bouquin soit écrit par un chanteur, un compositeur, ou
un musicien, soit qui parlerait de musique... Je séchais. J’avais
rien en magasin.
C’est alors,
qu’Odile, notre vénérée cheffe d’orchestre de l’émission
« Des Poches Sous les Yeux » m’a proposée de
chroniquer la biographie de Lou Reed. Aïe... Une biographie !
Et en plus, celle d’un type que je connais de nom, mais pas plus
que ça. Pour moi, les bio, c’est soit pour les groupies, soit pour
les historiens. Mais bon, comme j’avais rien d’autre à proposer
à la place, et parce que c’est bien difficile de refuser face à
son sourire, j’ai dit oui.
Et là, miracle !
Je dois dire qu’elle m’a fait un sacré cadeau en m’invitant à
lire ce bouquin. Bien sûr j’ai découvert que Lou Reed était un
homme hors du commun et pas seulement l’auteur de « Walk on
the wild side ». De Lou Reed, j’avais l’image d’un
mauvais garçon tombé, comme tant d’autres à la même époque,
dans le rock et les drogues en même temps que dans la célébrité.
Les quelques chansons que je fredonnais de lui, c’était sans même
savoir qu’il en était l’auteur. Grâce à ce livre, j’ai pu
suivre dans ses multiples méandres toute l’histoire de cette
figure du rock underground. De l’origine avec John Cale du groupe
précurseur « Velvet Underground » à la fin des années
soixante, en passant par ses albums solo et jusqu’à son dernier
enregistrement avec Metallica en 2011. Depuis son premier disque et
jusqu’au dernier, il n’a jamais cessé d’être une figure tout
à la fois reconnue et maudite du rock.
Mais surtout, la
grande force de ce livre, c’est la plume de Mick Wall et la
traduction époustouflante de Michka Assayas. L’écriture est
vivante, caustique, drôle. Si on sent l’affection que l’auteur
de cette biographie porte à Lou Reed, cela ne l’empêche
absolument pas d’en envoyer des vertes et des pas mûres. On est à
des années lumières de la biographie sirupeuse et compassée, cirée
à la brosse à reluire.
D’entrée de jeu,
dès les premières pages, il donne le ton :
Juif. Pédé.
Junkie.
Lou Reed avait
déjà atteint les deux premiers de ces objectifs à dix-sept ans.
Ses parents l’ont alors envoyé suivre une thérapie à base
d’électrochocs, la grande nouveauté dans l’Amérique de la fin
des années 1950 pour remettre dans le droit chemin ses gamins
délinquants. Une expérience qui allait contribuer, peu de temps
après, à le propulser vers le troisième objectif.
Mais tout au long du
récit, il nous en colle quelques autres, bien gratinées.
Pétri d’esprit
de contradiction, depuis son casque de bouclettes jusqu’au bout de
ses boots pointues, Lou Reed ne cesserait plus de forger sa carrière
en faisant toujours ce qu’on attendait le moins de lui – et
souvent ce qu’on désirait le moins (...) Reed sur scène vous
prenait toujours au dépourvu : C’était le genre de rebelle
qui aurait mieux aimé s’arracher les yeux que de rester assis à
écouter parler d’autres soi-disant rebelles ; un traître
pour les deux parties, fuyant toute définition précise, y compris
le concernant.
Ou encore :
Lou allait
devenir le triple champion du monde dans une discipline inédite :
tourner violemment le dos à son propre succès.
Cela ne l’empêche
pourtant pas de montrer son admiration pour le talent de Lou Reed
Lou Reed a
commencé là où le rock s’est arrêté. Avant lui, on écoutait
cette musique pour s’amuser. Après lui, le rock est devenu
littéraire, sombre, dérangeant et par dessus tout, sombre jusqu’à
l’inquiétant.
Je ne voudrais pas
vous gâcher le plaisir d’autres découvertes. J’avais juste
envie de vous donner quelques bribes qui donnent le ton du livre :
brut, vif et jubilatoire.
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