samedi 16 janvier 2016

L'heure des fous - Nicolas Lebel

Vous n’aviez pas envie que les vacances se terminent ? Vous n’avez pas envie de vous prendre la tête,mais de lire un chouette polar à l’intrigue bien ficelée ? Vous êtes fan de personnages hauts en couleur ? Alors si vous ne connaissez pas encore Nicolas Lebel et son livre « L’heure des fous » c’est le moment de découvrir ce livre et la galerie de personnages qu’il nous a concocté.

En premier chef, Merhlicht. La voix rapeuse comme de la toile émeri, une gueule à faire peur, noyée dans un quasi-permanent smog bleuté aux vapeurs de gitane.
Son bras droit bodybuildé aurait pu choisir d’être architecte, tant son goût du carré, de la ligne droite d’où rien ne dépasse est très en harmonie avec le design d’aujourd’hui.
Pour compléter l’équipe, une rouquine qui ne s’en laisse pas compter. Il faut dire que pour trouver sa place auprès de ces deux énergumènes, il vaut mieux avoir un sacré caractère.
C’est cette équipe de choc que découvre notre quatrième larron, un flic stagiaire qui se demande ce qu’il fiche dans cette équipe. Mais il n’a pas tellement le temps de se poser la question, car un macchabée vient de leur tomber sur le paletot. Comme c’est un clodo, une enquête de routine devrait clore l’affaire rapidement, mais contre toute attente, l’histoire va déraper !


Si comme moi vous aimez les histoires écrites avec pas mal de verve, vous allez être servis. Il y a un éloge appuyé aux dialogues d’Audiart dans ce livre. Le vieux Merhlicht, probablement oublié par les théories de l’évolution est resté scotché aux années soixante et, tant dans ses méthodes d’investigation que dans son langage, il se frotte au monde et techniques moderne, portées par le reste de l’équipe et le jeune stagiaire.

Mais cela n'empêche absolument pas ce roman d'être moderne. Pas de nostalgie naphtalinée , ce n’est pas un remix des tontons flingueurs. C’est bien du monde d’aujourd’hui dont nous parle Nicolas Lebel et le ton léger du roman n’empêche pourtant pas quelques réflexions sur la place des laissés pour compte de notre société ou sur les techniques de manipulation des masses. Bref, c’est un livre à lire pour le plaisir et le divertissement, mais pas seulement.  Alors surtout, n'hésitez plus, filez le lire !

vendredi 15 janvier 2016

Enfin (tous) réunis - Annabelle Lena - Editions du Caïman



Marseille. Un crime. Celui d’un proxénète, un couteau en plein cœur. Cela pourrait être une banale histoire de vengeance, d’autant qu’il n’est pas le premier à s’être fait planter ainsi.

Le commissaire Rognes et son équipe sont en charge de cette affaire, et à part une vieille photo qui irrésistiblement attire le regard du commissaire, ils n’ont pas grand-chose à se mettre sous la dent pour lancer l’enquête.

Avec une telle entrée en matière, vous pourriez vous attendre à un polar plutôt classique. Mais c’est sans compter sur le talent d’Annabelle Lena. Elle campe dans ce roman des personnages forts. La ville de Marseille habite ce roman. Loin d’être un simple décor,  un faire-valoir,  elle en est un personnage à part entière.

Ne comptez pas sur moi pour vous dévoiler le moindre élément de l’intrigue. Cette dernière est trop bien ficelée pour que je me risque à vous gâcher la surprise en en révélant ne serait-ce qu’un élément. L’histoire est haletante jusqu’aux toutes dernières pages du récit. J’ai adoré la chute de l’histoire qui m’a vraiment cueillie par surprise. Mon seul bémol  quant à ce livre  est la succession de petites annotations en bas de page pour qui ne connaitrait pas le parler marseillais, ses traditions. Mais rien ne vous oblige à les lire et franchement ce serait dommage que cela vous arrête dans votre élan pour le commander auprès des éditions du Caïman.
Pour tout vous dire, j’espère bien qu’il y aura une suite, car c’est impossible que cette histoire en reste là. Je n’ai qu’une hâte, retrouver  la plume d’Annabelle Lena, alerte, incisive qui croque ses personnages avec une bonne dose d’humour grinçant.

samedi 17 octobre 2015

Spécial Quinzaine du livre jeunesse 2015 - #Bleue - Florence Hinckel - Editions Syros Soon


Il y a Silas, et aussi Astrid. Ils sont lycéens dans un futur qu’on imagine assez proche. Ils vivent tous deux dans un monde serein, dans lequel peut intervenir à tout moment une brigade d’intervention spéciale chargée d’effacer de la mémoire tout souvenir douloureux. A la place, juste un point bleu au poignet, seul signe de la souffrance oubliée. Et puis, il y a le réseau sur lequel chacun poste ses humeurs, ses gestes, et où les amis constamment "veillent" sur vous. 

Mais eux, pas de problèmes, ils sont heureux, amoureux. Jusqu'à ce que tout bascule lorsqu’Astrid se fait renverser par une voiture... 

Je ne vous en dirai pas plus, ce serait dommage, mais je peux vous dire que ce livre est un magnifique roman d’anticipation qui, bien qu’il soit classé parmi les livres jeunesse pourrait également être lu par des adultes.

Il est un extraordinaire support de réflexion sur la place des réseaux sociaux comme instrument du contrôle social et sur les décisions que peut prendre une société, théoriquement dans l’intérêt de ses citoyens mais qui peut finir par s’exercer à leurs dépends.

Ainsi, qui, comme dans ce livre, pourrait être contre les moyens qu’offrirait la science de lutter contres les douleurs causées par des blessures morales, des deuils ? Qui souhaiterait s’opposer à l’idée d’épargner ces souffrances, notamment aux enfants ?

Ce livre, d’une grande profondeur nous invite à nous questionner. L’auteur nous propose de regarder ce monde qui pourrait être demain pour mieux questionner celui d’aujourd’hui. Elle nous invite à réfléchir à ce qui fait de nous des hommes, le rôle que joue la souffrance dans la construction d’un individu.


Mais plutôt que de vous parler de toutes les questions que fait naitre ce livre, je vous invite à le lire. 

samedi 10 octobre 2015

Spécial Quinzaine du livre jeunesse 2015 - Le pire concert de l'histoire du Rock - Manu Causse

Il était impossible de passer à côté d’un livre au titre pareil, sachant que la chronique serait diffusée sur Radio Béton. S’eut été sacrilège... 

J’ai donc jeté un œil, puis très vite un deuxième, avant de dévorer ce roman d’une seule traite. Il faut dire que ce petit roman de 85 pages est une vraie pépite.


Imaginez un peu : C’est l’histoire de Jean Sébastien, un jeune garçon qui cherche par tous les moyens à se rendre le plus banal, le plus invisible dans son collège, histoire de ne pas attirer les ennuis. Tout va bien jusqu’à ce qu’il déménage vers un petit collège de province et qu’il soit obligé, malgré lui, d’y dévoiler ses talents de pianiste virtuose.

Sauf que Bach, Mozart ou Beethoven ne sont pas nécessairement les références incontournables pour voir son aura grandir dans la cour d’un collège.

Aussi quand Brutus et Brutus, deux armoires à glace du collège demandent à Jean-Sébastien de les voir à la récré, ce dernier craint le pire. Va-t-il se faire fracasser la tête ? Contre toute attente, les deux costauds jouent dans un groupe de rock et l’invitent à les rejoindre. Ils ont besoin d’un bassiste (ouais, c’est plus proche de la guitare que d’un piano, mais ils ont un vieux synthé, alors ça devrait pouvoir faire l’affaire...). Et Jean-Sebastien le pianiste virtuose se trouve embarqué dans un groupe au rock très approximatif et aux riffs de guitare désaccordée.


Ce livre est vif, pétillant plein d’humour et d’énergie. Ça se lit sans soucis dès le début du collège. Alors n’hésitez pas à vous jeter sur ce roman : Le pire concert de l’histoire du Rock, de Manu Causse aux éditions Thierry Magnier.

jeudi 1 octobre 2015

45e édition de la Quinzaine du Livre Jeunesse à Tours




Nouveaux coups de coeur, nouvelles histoires, ce sont 342 titres  sélectionnés par les comités de lecture (bibliothéquaires, libraires, enseignants, documentalistes, parents) 

Tout le département est la fête, la sélection se partage dans les écoles, les collèges, les bibliothèques de tout le département, à la ville, comme à la campagne. 

L'événement est porté par la F.O.L et toute l'équipe de la quinzaine et est mis sous le feu des projecteurs tourangeaux du 16 au 18 octobre à l'hôtel de ville de Tours. 


mardi 18 août 2015

Un pays plus vaste que la terre - Wiley Cash

En ces temps troublés où, lorsque nous parlons d’extrémisme religieux, nos regards se tournent irrémédiablement vers le Moyen-Orient, j’ai eu grand plaisir à lire le roman de Wiley Cash « Un pays plus vaste que la terre » publié aux éditions 10/18. Premier roman de l’auteur, ce livre décentre cette problématique en nous plongeant au cœur des Etats-Unis et nous montre une face bien sombre de l’Amérique, où fanatisme religieux, violence et alcool gangrènent sournoisement les villages les plus calmes en apparence. On est loin, très loin de « la petite maison dans la prairie », dans l’envers du décors, l’enfer du décors... plutôt !

Ce premier roman se déroule dans une petite bourgade du sud des Etats-Unis dans les années quatre-vingts. Dans cette petite ville qui semble si tranquille, les conditions de travail sont rudes et tournées pour l’essentiel autour de l’économie du tabac. La religion y tient une grande place dans la cohésion de la communauté. Une trop grande place depuis que le pasteur Chambliss, un homme au passé trouble y devient prédicateur. S’inspirant de l’Evangile selon Saint Marc, il a une vision bien particulière de la religion et ses méthodes de prédication sont violentes et peu orthodoxes. A tel point que, Mademoiselle Lyle a préféré soustraire de son influence les enfants, pour les cours de catéchisme qu’elle leur dispense quand les adultes sont à l’office.

Jusqu’à la mort de Stump, un jeune garçon muet, personne pourtant ne vient mettre son nez dans la façon dont il gère église. S’agit-il d’un meurtre ? Ou d’un accident ?

A l’occasion de cette enquête, le sherif découvrira que la mort de l’enfant n’est pas le seul sombre secret que cache cette communauté.

Nous allons découvrir, dans ce roman à trois voix qui s’entremêlent, les raisons sordides de ce décès. Très vite, on est hapés par l’histoire. La question de savoir qui est responsable de la mort du jeune garçon ne se pose très vite plus. C’est comprendre l’engrenage insidieux qui a conduit à cela qui apporte tout son intérêt à ce livre, et nous le découvrons par petites touches au travers des regards croisés des trois protagonistes qui tissent cette histoire. C’est de découvrir comment des gens censés, glissent progressivement individuellement et collectivement jusqu’au dérapage inéluctable qui font la force de ce roman.






lundi 17 août 2015

Aux Belges reconnaissants - Martine Nougué - Les Editions du Caïman

Voilà un bouquin que j'ai dévoré dans la soirée. L’écriture ciselée de l’auteure y est pour beaucoup, mais je dois dire aussi que l’intrigue m’a également embarquée.


Tout se passe dans un petit village rural, l'un de ces 31 500 villages de moins de 2 000 habitants, au sud de France, mais je tiens le pari qu’au nord, on y trouve les mêmes…

Ambiance campagne donc. Le coq, les balcons fleuris, le clocher du village et surtout le bar tabac du coin où s'échangent tous les cancans. Un de ces lieux un peu paumés où tout le monde à l’impression de faire partie de la même grande famille, enfin presque tous, car il y a les « étrangers », ceux venus d’un village voisin ou pire encore, de la ville d'à côté, voire, comble de l'horreur, de la capitale. Mais comme dans toute grande famille soudée,il y a quelques tensions et quelques « secrets de famille » bien enterrés, mais toujours prêts à refaire surface.

Alors, dans la famille « Castellac » (c’est le nom du bled) on demande…
– Le maire, notable indéboulonnable
– La mère, une pièce rapportée qui a préféré s’éloigner
– Le fils, un artiste dont les projets s’opposent à ceux du papa
– L’écolo révoltée, qui veut faire souffler un vent nouveau sur le pays.
Et bien sûr, les chasseurs, les mégères, les piliers du bar du village et les autres…

Le roman démarre lors des élections municipales. Le maire n’est pas un saint, mais les habitants préfèrent détourner les yeux. On ne fait pas d’ombre à la famille à laquelle on doit tout. Pourtant, un des projets qu’il porte semble faire plus de vagues, et rallie contre lui les quelques écolos du village qui ont osé monter une liste d’opposition.

Lorsqu’un meurtre se produit au village, au lendemain des élections, l’émoi est grand.

Celle qui se charge de mener l’enquête est une femme flic dynamique, Pénélope. Elle a du peps, c'est un personnage attachant, plein de vie. Son portrait est bien croqué et je gage qu’elle sera un personnage récurrent d’un prochain roman de Martine Nougué.  Si elle avait pu faire autrement, elle aurait volontiers laissé l’affaire à d’autres collègues du coin, mais ses supérieurs hiérarchiques ne lui ont guère laissé le choix.  Mais elle est noire, Pénélope, originaire du Sénégal, et dans ce petit village fermé sur lui-même, elle ne passe pas inaperçue. Elle enquête accompagnée d’un jeune stagiaire dont j'aurais aimé qu’il soit traité comme un personnage un peu moins secondaire de l’histoire. Il y a quelques passages où il prend toute sa place, mais ces moments sont rares et c’est bien dommage. Cela n’a cependant pas gâché mon plaisir de lecture.

Pour moi, la force de ce roman, c’est cette capacité de l’auteure à nous faire vivre de l’intérieur l’ambiance du village, ses ragots, ses tensions, les fissures dans les murs de vieilles pierres. Il semble si charmant ce village, vu de l'extérieur avec ses murs crépis à l’ancienne et ses volets colorés, mais je me garderai de vous en dévoiler l'intrigue. J'ai aussi aimé la verve de l'auteur et la vivacité des dialogues.

Je ne vous en dis pas plus... à vous désormais de soulever le rideau aux petits carreaux vichy. À vous, au fil des pages d’exhumer les secrets que renferme ce petit village…