La plupart des
chroniques sur ce blog concerne des romans policiers, des romans noirs
ou des livres jeunesse. Ce livre n'entre dans aucune de ces catégories,
quoique, à sa façon, il est bien sombre aussi. Mais j'ai eu un vrai coup
de coeur et je compte bien vous le faire partager.
De quoi s'agit-il ?
Tandis que des dictons parsèment depuis peu les rues de Paris, sans qu’on sache ni qui, ni pourquoi, nous allons voir progressivement quatre personnages s’esquisser par petites touches, au fil des mots et des dictons, comme un tableau impressionniste.
Angélique, la
quarantaine, a décidé de ne plus quitter son appartement. Elle
n’est pas aigrie, ni malade, mais elle ne veut plus être que
spectatrice de ce monde qui vacille. Diane, elle est conductrice de
taxi, elle s’interroge sur ses amours et elle attend. Agnès,
scaphandrière, oublie le jour le chaos de sa vie recomposée en
plongeant dans les eaux sombres de la Seine d’où elle extirpe
parfois quelques trésors dérisoires. Edmé, un SDF, s’est choisi,
comble de l’ironie, une marquise en guise d’abri.
Quatre personnages,
donc, dont on sait peu de choses et qui vont, comme à la lueur d’une
bougie, être partiellement éclairés d’une lumière mouvante, par
les mots de l’auteure. On devine plus qu’on ne voit. La part
d’ombre et de mystère reste plus importante que ce que l’auteure
décide de nous dévoiler.
Les dictons sont les
petites clés qui éclairent jour après jour une facette de la vie
ou de la personnalité d’un personnage ou d’un autre.
Introduisant chacun des quarante-cinq courts chapitres de ce récit,
ils marquent aussi le temps qui passe. Du 30 aout « journée
mondiale des personnes disparues » au 25 mai « journée
mondiale de la serviette » en passant par celui du Saint Rémi,
celui ou perdreaux vaut perdrix ou par la Sainte Catherine, quand
tout arbre prend racine. Ils donnent sens parfois philosophique,
souvent ironique à chacun des chapitres.
J’ai tout
particulièrement aimé la plume légère de l’auteur. Elle est
pleine de douceur et de poésie, mais cela ne l’empêche pas, bien
au contraire, de nous renvoyer à travers ses mots quelques vérités
bien senties. C’est un livre léger, mais loin d’être
inconsistant. Cette légèreté n’empêche pas, et c’est toute la
force de ce récit, de laisser une empreinte durable dans nos
esprits. Il nous invite à nous interroger, à faire un pas de côté
pour observer le monde et y trouver notre place plutôt que de
continuer à nous agiter vainement dans l’arène.
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